Aux Etats-Unis, Donald Trump toujours soutenu par un bon tiers des Américains, persiste à croire qu’il a gagné la dernière présidentielle. Au Brésil, Jair Bolsonaro a laissé entendre qu’il refuserait une défaite à la prochaine présidentielle. En Tunisie, Kais Saïed fait mieux sans émouvoir grand monde : en déclarant la constitution de 2014 « non valable » et « illégitime », il annule à la fois les élections de 2011 et le travail de 217 élus, bref tout un pan de la démocratie.
Certes, cette constitution n’était pas parfaite et permettait trop d’interprétations, mais elle avait été saluée par les Etats-Unis et les Européens et qualifiée d’ « étape historique » par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Des libertés sans égales dans le monde musulman y sont inscrites. Si elle est « illégitime », son article 80 l’est aussi et donc, la prise du pouvoir du 25 octobre ? Fidèle à son mantra, le président se justifie en répétant le pouvoir au peuple, par le peuple. Ce que l’on peut traduire par : je veux que le peuple fasse le choix d’un régime présidentiel que j’assumerai pour le peuple…
Mais il commence par, finalement, insulter ce peuple en lui disant que son vote de 2011 était mauvais, tout comme celui de 2019 qui n’a mené à l’ARP que des corrompus qu’il est en train de chasser. C’est cela sa justification ? Il a pourtant dit à l’Américain Blinken et à tous ses interlocuteurs qu’il avançait vers un « retour à la normale ». Sans constitution, sans députés, mais avec lui comme garant. Normal ? L’homme qui vient d’inventer la conférence de presse sans journalistes -ils sont dangereux ces poseurs de questions !- oublie encore une fois que ce peuple qu’il chérit ne se plaint pas des problèmes institutionnels, mais du chômage, de l’inflation qui dépasse les 6% mensuels, de la vie de plus en plus difficile et précaire. Kais Saïed est bien le seul à trouver que « le chemin aujourd’hui est clair »…