En France, du côté de Menton, 200 policiers et gendarmes, épaulés par 120 militaires de Sentinelle veillent au grain : pas question que ces migrants de Lampedusa franchissent la frontière. Que l’Italie, pays de premier accueil, les garde ! La préfecture des Alpes-Maritimes a cependant aménagé un terrain pour accueillir ces gens en quête d’une vie meilleure.
Pourquoi donc un tel déploiement de forces comme si le pays était menacé ? En effet, Gerald Darmanin a bien dit que « la France n’accueillera pas de migrants de Lampedusa ». Elle n’accepte que les « réfugiés politiques », les « personnes persécutées ». Quand Macron parle de nécessaire solidarité européenne avec l’Italie, son ministre de l’Intérieur, qui pourrait briguer l’Elysée en 2027, complète : solidarité avec Rome pour renvoyer les migrants chez eux. Ils viennent, dit-il, de Côte d’Ivoire et du Sénégal, pays avec lesquels la France a de bonnes relations, ils peuvent donc les reprendre. Bizarre, Darmanin ne cite pas la Tunisie de plus en plus désertée par ses habitants mécontents. Tunis refuserait de reprendre les siens…
Darmanin qui veut rivaliser avec la droite et l’extrême droite en faisant assaut de fermeté oublie que le droit d’asile ne dépend pas du nom du pays d’origine mais du traitement que le pays fait subir au demandeur qui a le droit de présenter son dossier, ses raisons de fuir. Ainsi le refus de l’excision peut valider une demande.
A Paris , à Rome et dans toutes les capitales européennes, on passe du temps à interpréter négativement règlements et conventions au lieu de chercher des accords pour trouver des solutions communes, humaniser une immigration qui ne cessera pas, qui augmentera.
L’Europe a su accueillir dans de bonnes conditions des millions d’Ukrainiens et trouver du travail à ceux qui en avaient besoin. Elle ne peut en faire autant pour ceux qui fuient le Moyen Orient, l’Afrique. Des considérations de politique intérieure, une crise de l’accueil plus qu’une crise migratoire ?