Il a produit quelques-uns des films qui ont révolutionné ou marqué durablement le cinéma tunisien tels que « Avant qu’il ne soit trop tard », « Tunis by night » ou encore « Thala mon amour ».
Le producteur joue un rôle important dans la création d’une œuvre cinématographique. En effet, il prend personnellement ou partage solidairement l’initiative et la responsabilité financière, technique et artistique de la réalisation de l’œuvre et en garantit la bonne fin. En Tunisie, un producteur se démarque facilement de ses pairs par son audace et son approche novatrice : Mohamed Ali Ben Hamra. Les films qu’il a produits ont non seulement rencontré un large succès public et critique mais aussi raflé des récompenses lors de prestigieux festivals comme Les Journées cinématographiques de Carthage pour ne citer que cette manifestation. En effet qui n’a jamais vu ou entendu parler de « Thala mon amour », « Tunis by night » ou encore « Avant qu’il ne soit trop tard » ? Outre les créations artistiques dont il est à l’origine et qui sont autant de preuves, l’homme cite volontiers « Heat » de Michael Mann avec Robert De Niro et Al Pacino, « Soul Kitchen » de Fatih Akin, « La Chambre du fils » (La stanza del figlio) de Nanni Moretti, « The Shining » de Stanley Kubrick avec Jack Nicholson, « Raging Bull » de Martin Scorsese comme ses films préférés. Dès lors, le cinéphile ou le journaliste culturel sait quel genre d’artiste il a en face de lui.
Par amour du cinéma
C’est en 2007 avec le court-métrage de fiction « Ampelman » tourné à Turin en Italie qu’il débute sa carrière dans la production cinématographique. Le court-métrage en question a été réalisé par Rocco Riccio, un jeune réalisateur italien devenu par la suite son associé et avec lequel ils ont été à l’origine de nombreuses productions cinématographiques telles que « Isole » (long-métrage de fiction, 2007), « Rendez-vous » (court-métrage de fiction, 2008), « Le secret » (court-métrage de fiction, 2009) tourné entièrement à Tunis avec Raouf Ben Amor et Amira Chebli, mais aussi « Sarajevolution » (documentaire, 2014) tourné à Sarajevo en Bosnie à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale. En 2011, après la révolution tunisienne, comme beaucoup d’autres tunisiens de la diaspora, il décide de rentrer à Tunis où il fonde la société de production POLIMOVIE INTERNATIONAL PICTURES, qui a fêté ses dix ans en mars dernier. Le titre « Poli » renvoie bien évidemment à « plusieurs ». Avec cette société il développe et produit plusieurs longs métrages Tunisiens dont « Thala mon amour »de Mehdi Hmili (2016), « Tunis by night» de Elyes Baccar (2017), « Avant qu’il ne soit trop tard » de Majdi Lakhdar (2019) ainsi que des courts métrages et des documentaires comme « Lost in Tunis » de Elyes Baccar (2016), « Cairo 30th » également réalisé par Elyes Baccar (2015)…
Investissement personnel
« Ce sont les thématiques traitées et essentiellement l’originalité du scénario qui m’incitent à produire un film » déclare Mohamed Ali Ben Hamra. Avant de poursuivre : « Quand on développe un projet de film, la première règle est qu’il faut être vraiment convaincu pour savoir défendre le projet et convaincre de fait des financiers et des partenaires potentiels ». Lorsqu’on lui demande s’il a des reproches à faire au monde du cinéma tunisien, si tant est qu’il en ait, il rappelle volontiers qu’il faut trouver un accord avec les chaînes de télévision pour qu’elles participent au financement du cinéma tunisien. « Il faut revoir le texte du fonctionnement du CNCI (Centre national du cinéma et de l’image) et révolutionner son rôle ; Il faut continuer à lutter tous ensemble réalisateurs et producteurs pour contribuer à changer les lois, mettre en place un guichet unique fonctionnel pour faciliter l’obtention des autorisations de tournage. Mais aussi mettre en place un système de billetterie unique qui relie toutes les salles de cinéma, sans oublier la création d’une « film commission » tunisienne tout en mettant en œuvre une stratégie et ce à moyen et long terme pour encourager les sociétés de productions étrangères à choisir la destination Tunisie pour le tournage de films…. ». Tout est dit ! à bon entendeur !