Mohamed Najib Zoghlami a de la magie dans les doigts. Il transforme tout ce qu’il touche en or. Cuivre, bois, carton…Il sait toujours en tirer quelque chose de beau et d’attirant qui prend tout de suite une âme, vit, respire.
Mohamed Najib n’a pas fait d’école d’art. C’est un doué. Un artiste né. Il voit ce que nos yeux ne voient pas. Il voit avec le cœur.
Quittant son nord-ouest natal pour suivre justement son cœur épris d’amour pour une italienne, il s’en va, il y a une quarantaine d’années, s’installer dans la ville de Casarano, située dans la province de Lecce dans le talon de la Botte italienne. Travaillant dans la restauration des antiquités, il en a développé une passion sans limite pour le travail bien fait et une attention pointue pour le détail dans tout objet sur lequel tombe son regard
Artiste, mais artisan aussi, qui cherche le beau et l’utile dans ce qui paraît futile et périmé aux yeux de nos autres consommateurs. Il récupère des objets en fin de vie ou abandonnés et leur redonne une nouvelle et meilleure existence en les rendant, grâce à un lent et patient travail, beaux et sans âge.
Après une précédente expérience de travail sur le marbre qui lui a valu un franc succès, Mohamed Najib s’est dirigé cette fois vers le bois et le carton pour réaliser des tableaux dans lesquels il joue à recréer l’espace en réalisant des formes à la fois familières et étranges. Quelquefois il recourt à des collages pour renforcer la dimension surréaliste de ses réalisations et pour narguer le temps par des constructions artistiques entre des œuvres fixées pour toujours et d’autres éphémères qui disparaîtront avec la fin de l’exposition.
C’est dans une ancienne écurie aménagée en espace d’exposition dans les vieux quartiers de Casarano, que l’artiste-artisan a choisi de montrer ses œuvres. Le public venu en nombre semble apprécier. Malgré le succès, Mohamed Najib ne pense qu’à une chose : exposer dans son pays, la Tunisie. Il confesse d’ailleurs qu’il réalise ses tableaux pour revivre les sensations qui le rattachent à son pays. Il regrette à ce propos que l’ancien festival annuel des artistes tunisiens à l’étranger organisé par le Ministère des Affaires sociales ait été abandonné.