Il était l’opposant le plus célèbre, mais la majorité des habitants des 21 Républiques de la Fédération de Russie n’ont pas versé une larme en apprenant la mort de celui dont Poutine ne prononçait jamais le nom. D’ailleurs, cette nouvelle ne constituait que le 7eme titre de la chaîne de télévision la plus regardée. Il n’y a que les jeunes à Moscou et dans les grandes villes russes à regretter l’homme qui représentait l’espoir d’un changement vers la démocratie. Le Kremlin a interdit toute manifestation « non autorisée ».
Ces derniers jours, ses avocats, des proches l’avaient vu lors d’audiences devant un tribunal de Vladimir. Il était amaigri, vieilli mais « il était vivant, en bonne santé et heureux » témoigne sa mère. Que s’est-il passé ce vendredi en fin de matinée ? Un malaise ? Les autorités moscovites affirment que les secours intervenus rapidement n’ont rien pu faire…
Emprisonné depuis trois ans, Alexeï Navalny avait pratiquement disparu de l’actualité russe et était plus connu en Europe et aux Etats-Unis. Dans plusieurs capitales, on entendait cet après-midi crier « Poutine assassin ». Pour les dirigeants occidentaux, le doute n’est pas de mise : le président russe est responsable de la mort de son opposant qui incarnait ce qu’il n’est pas, la liberté, la promesse de la démocratie.
Cette disparition, même s’il a tout fait pour le faire taire définitivement, gène le maître du Kremlin car elle rappelle une fois de plus qu’il n’est qu’un dictateur insensible, un menteur attaché à un récit fabriqué par lui. L’interview accordée au trumpiste Tucker Carlson l’avait reprouvé il y a quelques jours.
Et maintenant ? A Munich, lors de la conférence sur la sécurité, Ioulia Navalnaïa, sa femme, a demandé que Poutine soit « puni ». On se souvient qu’en juin 2021, Biden avait promis à Poutine des « conséquences dévastatrices » si Navalny venait à mourir en prison. Des sanctions devraient être prises. Et surtout, l’aide à l’Ukraine devrait être augmentée car Poutine, en laissant mourir Navalny, montre bien qu’il ne reculera devant rien. Pour les Européens, aujourd’hui plus qu’hier, Poutine est un danger. Ils doivent se préparer, se renforcer.
Dans un mois, Vladimir Poutine sera réélu et triomphera, se parant de la confiance de tous les Russes. Sauf de Vladimir Kara-Mourza et d’Ilia Iachine, les deux autres grands opposants qu’il a jeté en prison.