Benjamin Netanyahou appelle au calme et demande aux Israéliens « de ne pas se faire justice eux-mêmes », mais il ne cesse de déclarer qu’il livrera « un combat sans merci »aux « terroristes » Palestiniens. Son ministre d’extrême droite Itamar Ben Gvir dit préférer les assassinats ciblés.
Quelques heures avant ce que le président israélien a appelé des « violences contre des innocents » à Huwara, que la gauche a qualifié de « pogrom », Israéliens et Palestiniens s’étaient entendus à Aqaba en Jordanie sur la nécessité d’un apaisement et sur un moratoire de quatre mois pour la construction de colonies en Cisjordanie. Aussitôt, cet autre extrémiste de ministre des Finances qui a la main sur le sujet, qu’est Bezalel Smotrich, affirmait qu’il n’y aurait « pas de gel, même pour un jour ».
Ces hommes, Netanyahou, Ben Gvir et Smotrich, ne sont que des pyromanes qui jouent aux pompiers après avoir déclenché les incendies qui ravagent Israël et la Cisjordanie. Ils ne sont pas de même nature, celui qui enflamme Israël concerne la réforme judiciaire et la démocratie et celui qui consume les territoires occupés depuis plus de cinquante ans touche aux droits des Palestiniens. En commun, ils ont cependant aujourd’hui un dénominateur commun : Benjamin Netanyahou.
Pour retrouver son poste de Premier ministre qu’il voyait comme la fin de ses ennuis avec la justice, le moyen d’éviter la prison pour corruption et fraude, il s’est allié à des extrémistes de droite, des fascistes ( ?) qu’il affirmait contrôler. En réalité, il leur a tout cédé et la violence s’est installée.
Les colons, partisans du « prix à payer » par les Palestiniens pour leurs attaques, ne sont pas, ou très peu, empêchés par l’armée et par le gouvernement. « Je viens sauver le pays » leur proclame Ben Gvir et les invite à le suivre.
Les Palestiniens ne sont pas exempts de reproches. Leurs divisions font le jeu des plus durs qui confondent résistance et attaques terroristes. A Ramallah, Mahmoud Abbas, 87 ans, s’accroche à sa présidence de l’Autorité palestinienne. Il n’a pas organisé d’élections depuis son arrivée en 2005. Il est totalement discrédité, décrédibilisé.
A Aqaba, ses représentants étaient bien seuls. Pour le Hamas et les factions de la résistance, la réunion n’était qu’ « « une couverture pour les crimes de l’occupation à l’encontre du peuple palestinien », « une rupture avec le consensus national palestinien, un mépris pour le sang des martyrs. »
Face à ce vide de gouvernance, la génération islamiste TikTok monte en Cisjordanie. Elle est sans affiliation mais armée et financée par le Hamas et le djihad islamique. Elle considère qu’elle n’a pas d’avenir et, donc, rien à perdre. Le groupe « Fosse aux lions », né en février 2021à Naplouse prend aussi de l’importance. Regroupant des membres des autres organisations, y compris des brigades Al Aqsa de l’AP, elle bénéficie de plus en plus du soutien de la population.
Dans ces conditions de montée des extrêmes, il est à craindre que la situation dégénère et devienne hors de contrôle. En Israël et dans les territoires occupés.