Les manifestations de joie ont vite cessé dans la bande de Gaza où des frappes ont encore tué ce matin et, en Israël on s’inquiète encore plus pour les quelque 99 otages restants. Si la déception est grande, l’espoir demeure car il est certain que les pressions vont se multiplier pour que l’accord conclu à Doha soit respecté
Donald Trump, qui s’est vanté d’avoir réussi là où Biden avait échoué, ne peut admettre que Benjamin Netanyahou lui tienne tête. A quel jeu joue ce dernier en affirmant que le Hamas a remis en cause certains points de l’accord ? Il ne pense qu’à lui, qu’à son avenir. Ses ministres extrémistes qui rejettent tout accord ne peuvent le faire capoter, mais le Premier ministre veut les convaincre de ne pas faire tomber son gouvernement. Il sait pourtant que les députés de Yaïr Lapid viendraient à son secours, ce qu’il ne souhaite pas car il se mettrait à la merci du centriste… Et s’il chute, il devra répondre aux interrogations sur son attitude au moment du 7 octobre et sur la guerre qu’il a fait durer. L’accord conclu date du 27 mai… Il temporise pour garder le pouvoir.
Selon l’historien et ancien ambassadeur Elie Barnavi, Netanyahou présente l’accord comme « provisoire » et, dit-il sur la radio France inter, « vend à sa base et à ses partenaires d’extrême droite que la guerre va recommencer, aussi dévastatrice qu’avant, et qu’il n’y aura jamais de 2e phase ».
En face, le Hamas, malgré, semble-t-il, quelques voix dissidentes, affirme qu’il ne remet rien en cause et que l’accord doit s’appliquer au plus vite. Il est plus que temps de mettre fin aux souffrances des Gazaouis qui survivent de plus en plus difficilement dans un territoire en ruines. Il faut être aussi conscient que ce n’est pas la fin de la guerre, comme l’a promis imprudemment Joe Biden.
Il n’existe aucun plan pour demain, pour le jour d’après. Qui dirigera la bande de Gaza ? Le Hamas existe toujours, l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas est totalement discréditée. Comment va évoluer la situation en Cisjordanie où les islamistes ont marqué des points ? Va-t-on vers une annexion approuvée par le président américain qui prend ses fonctions lundi ?
Aucune perspective réelle ne se dégage et on va en revenir aux plans de Trump, à un rapprochement entre Ryad et Tel-Aviv, à une prise en compte économique et non politique de l’avenir des Palestiniens. Pas vraiment satisfaisant.