Par Abdeljelil Messaoudi
Sans jeu de mots: il y a quelque chose d’occidental chez ces Marocains, ces « M’gharba » comme on dit dans notre dialecte tunisien. D’occidental, c’est-à-dire, de rationnel, de réfléchi, de planifié…de rigoureux. Ils sont patients, calmes, sereins, presque, mais déterminés. Ils sont lucides, ils savent ce qu’ils veulent et ce qu’ils valent. Ils ont leur style, leur personnalité et leur stratégie.
Dans le même temps, ces Marocains restent Marocains, en offrant un football agréable, inspiré, léché, tout en touches. Du beau football africain, en somme, mais en version plus efficace.
Au regard de ce l’on a déjà vu, on pourrait affirmer, si on voulait faire la comparaison, que l’équipe marocaine est le contre-exemple de notre équipe tunisienne. Ou le contraire. La nôtre a paru terriblement inégale, sans idées, sans identité. Courageuse sans doute dans les deux rencontres qu’elle a livrées, généreuse dans l’effort, mais brouillonne et sans vision.
Avec les Marocains on pouvait voir évoluer logiquement les choses. Avec les Tunisiens c’était plutôt de l’improvisation, notamment face aux Australiens, au petit bonheur la chance. Certes, le foot est encore et toujours un jeu, mais depuis le temps qu’il existe, soit un siècle et demi, il n’y a presque plus de place au hasard.
En fait, ce qui fait la vraie différence entre l’équipe du Maroc et celle de la Tunisie est d’autant plus évident qu’il est invisible. C’est tout le travail qu’on sent derrière cette équipe marocaine, cette planification, cette mise en perspective et, surtout, cette discipline. Or c’est justement cela qui fait défaut à notre équipe nationale, qui change d’entraîneurs comme elle change de maillots, qui manque manifestement de projet et de vision. La liberté acquise depuis 2011, au lieu de permettre de faire les bons choix sur les seuls critères de la compétence et du mérite, a ouvert la voie à la gabegie et aux interventions de toutes sortes, régionalistes, clientélistes, partisanes…le football ne fait pas exception. La même situation est vécue par le handball masculin et féminin, le basket-ball et d’autres sports collectifs où l’on subit défaite après défaite sans demander des comptes à ceux qui en sont responsables, avant d’oublier et de se préparer à la débâcle suivante. C’est à l’image du pays, entend-t-on toujours dire ici ou là à chaque fois, comme pour soulager notre pauvre conscience.
Pour revenir à l’actuelle Coupe du monde, une petite question qui n’a rien à voir: qui des deux inévitables protagonistes sera tenu responsable de la défaite annoncée de nos Aigles face aux Coqs français, et conséquemment, de notre campagne mondialiste jouée pourtant comme au pays? Le Ministre des Sports Kamel D’guiche, ou le Président de la Fédération Wady Jari? À moins d’un miracle mercredi prochain, c’est un drôle de match en perspective…