Ce soir, a lieu la 96 -ème édition des Oscars. Une cérémonie, qui, cette année, risque d’être particulière, voire hors-norme.
Tout d’abord, parce que le casting des nominés détient un nombre record de films étrangers. Deadline, site américain qui chronique l’industrie cinématographique, en veut pour preuve une situation inédite : “C’est la première fois que l’on trouve deux productions internationales en langue étrangère sélectionnées dans la catégorie du meilleur film, et que deux films en langue étrangère comptabilisent cinq nominations chacun.”
Les deux films concernés sont le thriller « Anatomie d’une chute », réalisé par Justine Triet et qui mêle français, anglais et allemand, et « La Zone d’intérêt », film sur la Shoah signé du Britannique Jonathan Glazer, intégralement tourné en allemand. En ajoutant la concurrence de « Past Lives », de la réalisatrice coréo-canadienne Celine Song, et ses dialogues jonglant entre coréen et anglais, et surtout (pour nous) » Les Filles D’Olfa », de la cinéaste Tunisienne, Kaouther Ben Henia, tourné en dialecte tunisien, et nommé dans la catégorie Meilleur film documentaire.“
Jamais la sélection pour le meilleur film n’avait été aussi internationale”, relève Deadline.
Toutefois, le caractère singulier de cette cérémonie, ne tient pas qu’à la langue des films, même si il en est indicateur des bouleversements à venir .
C’est bien ce qui se déroule actuellement à Gaza, qui risque de se retrouver au pupitre des Oscars. On en veut pour preuve, le discours de Kaouther Ben Henia aux Césars, où elle avait appelé à ce que « le massacre cesse » et auquel l’acteur franco-belge Arieh Worthalter qui avait remporté le césar du meilleur acteur pour Le Procès Goldman, avait ajouté: »je me joins moi aussi à un appel pour un cessez-le-feu à Gaza parce que la vie le demande, celle des Gazaouis et des otages, parce que nous sommes unis en tant qu’espèce ».
Cependant, si les appels en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza était unanimes, le 23 février dernier, à Hollywood le ton risque d’être diffèrent.
Si des acteurs, comme Susan Sarandon, Emma Watson, Joachim Phoenix, Angelina Jolie et on en passe, soutiennent un cessez-le-feu et dénoncent un « génocide », d’autres soutiennent fermement Israël.
Notamment l’actrice Gal Gadot, alias Wonderwoman, qui avait fait diffuser à Hollywood, le film réalisé par l’Etat hébreu, et également diffusé à l’Assemblée nationale française, combinant toutes les vidéos de l’attaque du 7 octobre. Un genre de condensé de violence, partiel et partiale, pour annihiler toute réflexion chez le spectateur. Un film de propagande.
Mais celle qui incarnera Cléopâtre au cinéma, n’est pas le seul soutien d’Israël à Hollywood. On peut également citer, Nathalie Portman, Jamie Lee Curtis, Alec Baldwin, Michael Douglas et bien d’autres.
Bref, autant de voix « pour ou contre », qui feront probablement de cette cérémonie un moment d’histoire.
Cette nuit, à cette veille de ramadan, c’est un autre versant de la guerre qui risque d’être sous les projecteurs. Un pan que nous subissons mais également auquel nous participons tous depuis le 7 octobre. Celui de la guerre médiatique.