« Suite aux photos et positions relayées par les médias locaux et étrangers et réseaux sociaux, ayant rassemblé la cheffe du gouvernement et le président de l’entité sioniste en marge du sommet du climat à Sherm el Sheikh », en Egypte, et en l’absence de toute réaction officielle là-dessus, le mouvement Echaâb rejette « le comportement de Najla Bouden ayant fait fi d’une constance chez les Tunisiens, et de leur rejet catégorique de toutes les formes de normalisation avec cette entité oppressante pour ses crimes contre le peuple arabe en Palestine, en Tunisie, au Liban, en Syrie et dans tous les pays arabes ».
Le mouvement du peuple appelle, dans un communiqué, « la cheffe du gouvernement, en sa personne et sa qualité, à faire paraitre une mise au point officielle sur ce qui s’est passé et lui fait assumer la totale responsabilité de cette conduite inacceptable, a fortiori, qu’elle a participé à la Cop 27 au nom du président de la république, dont la campagne électorale a été fondée, dans l’un de ses axes, sur la criminalisation de la normalisation ».
D’après communiqué du Mouvement Echâab
Pas de répit donc, pour Najla Bouden, qui depuis le 8 novembre subit une polémique sans réel fondement.
Représentant la Tunisie à la Cop27, notre Cheffe du Gouvernement a eu la « malchance » d’être filmée « tout sourire » lors d’un échange furtif et protocolaire avec le Président israélien Isaac Herzog.
Et pourtant!
Que de remous, de critiques, d’attaques, dans la presse et les réseaux sociaux pour ce qui apparaît comme étant un simple échange courtois entre deux représentants diplomatiques durant une manifestation officielle, d’une importance conséquente et réunissant la majorité des Etats.
Tous les jours des rapprochements, des négociations sont faits entre pays rivaux, en conflits, sans que l’on assiste à des prises de becs mais qui au contraire se font dans la courtoisie totale comme pour les Etats-Unis et l’Iran sur le nucléaire, un sujet ô combien épineux et sensible.

Ou encore dans un registre plus historique: le fou rire mémorable de Bill Clinton alors Président des Etats-Unis et Boris Eltsine, Président de la Russie en 1995 lors d’un déjeuner d’affaires. Tout deux représentants de puissances rivales qui négociaient un accord sur l’expansion de l’OTAN et le maintien de la paix en Bosnie.
De plus, le gouvernement a nié tout rapprochement entre les deux pays supposé par le biais de cet échange de politesse. Le doute cependant persiste.
Mais pourquoi la parole officielle du gouvernement ne suffit-elle pas à calmer cette polémique? Pourquoi un si bref échange parmi d’autres, entre chefs d’Etats, nous choque-t-il?
Il semble que cet « incident » éveille en nous une angoisse. En effet, si Kais Saied a clamé haut et fort que jamais il ne normaliserait les relations avec Israël, il tarde à faire ses preuves économiquement. La crise qui nous embourbe dans une situation tous les jours plus difficile, nous fait perdre toute lucidité, en imaginant que ce simple échange, ferait écho à une Tunisie en banqueroute qui braderait ses idéaux en échange d’ une aide économique de cet occident qui pousse à la normalisation.
Pourtant, dans les faits, nous venons d’obtenir un prêt du FMI, sans discussions sur une quelconque normalisation. Najla Bouden semble être, dans ce pur et simple « bashing », le bouc émissaire idéal pour s’en prendre à la politique du Président Saied.
Enfin, on peut se demander si toute cette histoire, n’est pas une interprétation misogyne du comportement de Najla Bouden, qui verrait dans le sourire « affiché » de la Cheffe de l’Etat, de la séduction et une invitation à une relation…diplomatique.