Les manifestations pro-palestiniennes se multiplient dans les universités américaines et aussi , en France, à Science Po Paris. De quoi sont-elles le nom ?
Elles marquent la défaite totale d’Israël dans la guerre de communication, d’image. Son offensive meurtrière à Gaza, la violence de ses colons en Cisjordanie ont fait oublier le terrorisme du Hamas et ses atrocités du 7 octobre. Le groupe est maintenant regardé comme le défenseur des Palestiniens, celui qui leur redonne honneur et fierté.
Elles traduisent avec éclat une indignation quasiment mondiale face à des coups inacceptables portés aux civils gazaouis. Un refus de la mort quotidienne qui frappe femmes et enfants. Un refus de l’horreur imposée par vengeance et à des buts politiques, dont celui de priver les Palestiniens de leurs droits reconnus par le droit international. Et donc, par opposition, la volonté de voir ce droit international respecté.
Ces manifestations étatsuniennes sont aussi une manifestation d’une forme de ce wokisme qui condamne le colonialisme. L’Etat hébreu, le sionisme sont assimilés aux dominants qui voient dans les autres une population de condition inférieure.
Il y a bien sûr dans ces campus contestataires une part, plus ou moins revendiquée, d’antisémitisme, ce qui est condamnable, mais il faut souligner que des membres de Jewish voice for peace, keffieh autour du cou, participent au mouvement avec ce slogan : « pas en notre nom ». On a trop tendance à prendre pour de l’antisémitisme la critique de la politique de Netanyahou et le rejet du sionisme qui veut que toute la Palestine revienne aux seuls juifs.
Ces occupations reflètent également l’état d’une société de plus en plus clivée et violente. Elles sont une bataille pour la liberté d’expression à un moment où l’on n’a de plus en plus de mal à accepter un point de vue différent, où les universités oublient trop qu’elles doivent être un lieu d’échanges et de débat. L’époque est à la censure.
Il faut aussi mentionner la récupération politique, les instrumentalisations à des fins électorales. Aux Etats-Unis, Trump et ses Républicains, totalement acquis à Israël, déplorent des propos « haineux » dans les universités qui perdent leurs valeurs et en accusent Biden qui, lui, cherche à « ménager la chèvre et le chou » pour ne pas perdre de voix en novembre. En France, où le discours anti musulman progresse, LFI tente de récupérer des voix pour les Européennes de juin. Loin de calmer le jeu, Rima Hassan était cet après-midi à Sciences Po pour clamer que le mouvement est « sain » et « l’heure est au soulèvement ».
Il faut enfin remarquer que ces manifestations d’indignation et de revendications sont le fait d’une minorité. Il y a cinquante ans, c’était pour mettre fin à une autre guerre de domination. Le Vietnam.