Le maître du Kremlin vit de plus en plus dans son monde parallèle où il tisse et répète jour après jour son récit fictif de sa Russie, de son droit de vie ou de mort sur ses sujets et les pays voisins qui furent soviétiques. Il n’explique pas, il affirme.
L’Ukraine, c’est « une question de vie ou de mort » pour son pays. A l’entendre, il ne fait que le défendre contre un régime nazi. Et ses compatriotes, comme l’étranger, doivent « comprendre à quel point ce qui se passe autour de l’Ukraine est sensible et important pour notre pays ». Un message avant l’élection du mois prochain et aussi un avertissement à cet Occident dominateur qui entend toujours imposer sa loi.
Vladimir Poutine nous paraît totalement irrationnel, mais il est rationnel à sa manière : il s’est construit une réalité virtuelle et agit en fonction de l’évolution de cette dernière. Bien sûr, il devait se battre contre l’Ukraine qui trahit son histoire, son âme russe, mais, au-delà sa mission est de rebâtir l’empire russe. Tous ceux qui se mettent au travers de son chemin doivent être éliminés. Alexeï Navalny en faisait partie.
Le Russe « moyen » est, lui, abreuvé quotidiennement de propagande, de mensonges sur l’Ukraine, l’état de la Russie et cet Occident décadent et agressif. C’est la Russie qui défend les valeurs « traditionnelles », morales et religieuses. Elle ne cesse de durcir ses lois contre l’homosexualité et accroît la répression anti-LGBT.
Le « Sud global » qui considère que ce qui se passe entre la Russie et l’Ukraine et qui, le plus souvent, défend également ses valeurs « traditionnelles » n’a donc pas le même regard que l’Occident sur Poutine. Cela vaut notamment pour l’Afrique qui le voit comme un allié pour se défaire des anciens colonisateurs et de l’emprise occidentale en général. Là, Poutine fait preuve d’une grande rationalité suivant un schéma qui date de l’Union soviétique. Est-ce mieux pour ces pays qui abandonnent à Moscou une partie de leur indépendance, de la liberté qu’ils souhaitent ?