Une dizaine de minutes de discours sur la Place Rouge prononcé par un Vladimir Poutine qui avait l’air en forme, un discours classique d’exaltation du patriotisme, loin de ce que l’on attendait. Pas de déclaration de guerre, pas de mobilisation générale mais des répétitions de propos déjà tenus. Le président russe n’a pas dit Ukraine ni Marioupol, n’a pas évoqué la situation militaire ni proféré de menace nucléaire.
Son discours n’a cependant été qu’un gros mensonge, que la poursuite de sa réécriture de l’histoire. Il a réexpliqué que l’Ukraine préparait une attaque contre les séparatistes prorusses du Donbass, voulait se doter de la bombe atomique et était soutenue par l’Otan. L’existence de la Russie était en jeu, « une menace absolument inacceptable directement à nos frontières », qui l’a obligée à une « riposte préventive » la « seule bonne décision »… Aujourd’hui comme hier, la défense de la patrie.
Depuis plusieurs jours, Moscou, pour qui l’Ukraine est un repaire de néo-nazis, prétend que l’Union soviétique a été la seule à vaincre le nazisme, que l’Europe aurait même aidé Hitler et qu’elle reproduit le même schéma en soutenant Kiev. La Russie, elle, ne souhaitait que la paix. « Malheureusement les pays de l’Otan ne nous ont pas écoutés », ne nous ont pas laissé le choix. Poutine, homme de paix, promet de tout faire pour éviter l’horreur d’une guerre globale » Et il conclut : « Nous avons vaincu en 1945, nous vaincrons aujourd’hui ».
En écho, Volodymyr Zelensky a affirmé : « Nous avons vaincu à l’époque, nous vaincrons maintenant ». « Nous sommes fiers de nos prédécesseurs qui, avec d’autres peuples dans le cadre de la coalition anti-hitlérienne, ont vaincu le nazisme. Nous ne laisserons personne annexer cette victoire, se l’approprier ».
De la propagande donc sur la Place Rouge car Poutine est bien incapable d’annoncer la moindre victoire aux Russes qui commencent sans doute à s’apercevoir qu’il n’y en a pas, à comprendre que leurs enfants meurent dans ce pays frère qu’ils devaient libérer. Sans doute vingt mille tués et le rapatriement des corps à payer… Et pourquoi n’a-t-on pas vu dans le ciel moscovite « l’avion de l’apocalypse », ce bunker volant de Poutine ? L’excuse de la météo ne tient pas.
Un discours rapide, flou, attentiste, sans précisions sur les buts du Kremlin. Pas un mot sur la conduite de la guerre qui durera. L’heure n’était pas à l’annonce de mauvaises nouvelles. Elle pourraient venir bientôt, discrètement.
Le mensonge était aussi à Paris où le porte-parole de l’ambassade a attribué aux Ukrainiens le bombardement meurtrier d’une école de la région de Lougansk. Une provocation pour faire accuser les forces russes, a -t-il affirmé.