Depuis le 24 février, la question se pose et se repose : jusqu’où ira Vladimir Poutine ? Il est déjà allé plus loin qu’on voulait le croire, sème bombes et désolation sous des motifs fallacieux et ne peut que continuer jusqu’au moment où il pensera avoir remporté la victoire. Dans son livre « Poutine, l’Ukraine, Les faces cachées » qui vient d’être publié, Vladimir Fédorovski, écrivain et ancien diplomate, affirme qu’ « il a été formé par la pègre, il ne peut pas reculer, il ira jusqu’au bout ». Et aujourd’hui, le monde redoute que pour atteindre ce but, sa victoire, il utilise l’arme nucléaire. Du jamais vu, de l’interdit tacite depuis 1945.
Vladimir, qui, explique Fédorovski, signifie qui dirige le monde ou qui fait régner la paix, est aujourd’hui en colère, isolé et frustré. Parce que son opération spéciale ne se déroule pas comme prévu, que les pertes russes sont lourdes et que son croiseur amiral a été coulé. Impardonnable. Sur les plateaux de télévision, les « experts » moscovites ont crié que « l’opération spéciale a pris fin quand notre patrie a été touchée. C’est une cause de guerre absolue ». La troisième guerre mondiale aurait commencé, vont jusqu’à prétendre certains nationalistes russes…
De plus, Poutine s’est aperçu que son armée n’est pas ce qu’il croyait, que son commandement est manifestement défaillant. Intolérable. Pour remettre de l’ordre et de la coordination, il a fait appel au général Dvornikov, le « boucher d’Alep », un homme insensible pour qui l’efficacité passe par l’élimination de tout ce qui peut entraver le militaire, c’est-à-dire les civils. Avec lui, on peut s’attendre à un carnage dans le Donbass où une nouvelle phase de la guerre est sur le point d’être déclenchée avec des raids massifs de l’aviation, des déboulés de blindés si la « raspoutitsa » ne les embourbe pas et quelques 70 000 hommes au sol.
Les renseignements américains, bien plus fiables qu’en Afghanistan, redoutent que Poutine en vienne à la solution extrême. Le chef de la CIA William Burns le dit clairement : il est possible que « le président Poutine et les dirigeants russes sombrent dans le désespoir, compte tenu des revers qu’ils ont subis jusqu’ici d’un point de vue militaire. Personne ne peut prendre à la légère la menace posée par un éventuel recours à une arme nucléaire tactique ». Et, à Moscou, des voix s’élèvent pour dire que la seule réponse à la perte du Moskva est de lancer une bombe sur Kiev.
Le directeur de la CIA précise que si une arme tactique peut être employée, aucun signe concret n’a été observé. Rien ne bouge dans les centres- surveillés par des satellites- où ces armes sont stockées. La Russie en possède près de 2000 d’une puissance de 1 à 1000 KT. 15 KT pour la bombe d’Hiroshima.
La colère, le désespoir conduiront-ils à la folie ce Poutine « formé par la pègre » ? Difficile de croire qu’il puisse utiliser l’arme atomique au Donbass frontalier de sa Russie. S’il veut occuper les territoires qu’il « libère », il n’a pas prévu de les atomiser. Volodymyr Zelensky répète, lui, que le maître du Kremlin veut rayer l’Ukraine de la carte… Pour Pavel Luzin, analyste du groupe de réflexion Riddle basé à Moscou, la Russie pourrait avoir recours à une arme nucléaire tactique « pour empêcher l’ennemi de continuer à se battre ». Mais il perdrait le soutien de la Chine, de l’Inde…
Le fait qu’aucun mouvement ne soit observé laisse penser que la menace fait encore partie de l’escalade verbale entre la Russie et les Etats-Unis où Biden, de plus en plus agressif, est monté au créneau. A la question de savoir si Poutine ira jusqu’à employer l’arme nucléaire, on ne peut, aujourd’hui, que répondre : c’est improbable, mais pas impossible