Une fois de plus, jeudi soir, Vladimir Poutine a brandi la menace nucléaire, avertissant les pays qui fournissent les missiles à moyenne portée que les Ukrainiens ont commencé à utiliser , risquaient de voir des armes nucléaires les frapper. “Nous avons toujours été, et nous sommes toujours, prêts à résoudre les problèmes de manière pacifique », mais « à partir du moment où ces missiles ont été tirés sur la Russie, le conflit provoqué par l’Occident en Ukraine a pris les éléments d’un conflit à caractère mondial ».
Le récit russe habituel qui inverse les responsabilités et fait l’impasse sur la seule internationalisation : la présence de soldats nord-coréens aux côtés des Russes.
Avant ce discours guerrier, Moscou avait lancé un missile balistique expérimental de moyenne portée ( environ 5 000km), l’Orechnik, supposé invulnérable. A l’heure actuelle, les Européens n’ont pas les moyens de le détruire, avouent les spécialistes…
Depuis le début de sa guerre ukrainienne, le dictateur moscovite agite sans cesse la menace nucléaire et, s’il est vrai que la crise grandit, peu sont ceux qui pensent qu’il oserait passer à l’acte. Trop risqué. D’ailleurs, ce matin, le Kremlin s’est dit certain que les Etats-Unis avaient « compris » le message de Vladimir Poutine. « Le discours d’hier était très, très exhaustif, clair, logique », a déclaré à la presse Dmitri Peskov. « Nous ne doutons donc pas que l’administration actuelle à Washington a eu l’occasion de se familiariser avec cette déclaration et de la comprendre ».
L’Otan répond que le nouveau missile balistique « ne changera ni le cours du conflit ni la détermination des alliés de l’Otan à soutenir l’Ukraine ».
Alors pourquoi ce ton menaçant, cette montée de tension ? Poutine montre à sa population que le pays est fort, que son nouveau missile « sidère » le monde et que tout se déroule selon le plan prévu. A l’Occident, et surtout aux Européens, il adresse un avertissement destiné avant tout à faire peur à l’opinion publique : à cause de vos dirigeants, vous risquez une guerre. Mais, peut-être aussi, comme le croient certains experts, aurait-il peur ?
Est-ce que cela peut marcher ? Il est certain que la méfiance s’est déjà installée. L’Allemagne d’un Scholz qui refuse de fournir ses Taurus à Kiev et estime que « prudence et soutien vont de pair », se prépare à un conflit généralisé en Europe dès 2025 après une attaque russe sur son flanc Est. Une note confidentielle de l’armée, dévoilée en janvier par Bild, l’a révélée. La Suède a commencé, lundi, à envoyer cinq millions de brochures à ses habitants, pour les préparer à un potentiel conflit et la Finlande a créé un site web qui prodigue des conseils pour ne pas être pris au dépourvu. Pas d’inquiétude visible en France, mais dans un livre, « Vers la guerre ? », le ministre des Armées Sébastien Lecornu fait le point sur les changements géostratégiques dans un monde qui change, qui ne vit plus dans la même paix… En Europe, la guerre hybride est une réalité.