Dans moins d’ une semaine, les Français auront voté pour choisir les finalistes de la présidentielle, le 24 avril. Tous les sondages indiquent avec constance que ce sera le remake de 2017, Macron face à Le Pen. Mais, comme on le dit dans le monde du football, un match n’est jamais fini avant le coup de sifflet final. Samedi, Emmanuel Macron a tenu un meeting plutôt réussi en présentant habilement son bilan et en avançant ses propositions pour continuer et faire mieux. Mais, il a sans doute manqué de souffle, de vision. Et ses adversaires ne l’ont pas loupé dimanche.
Hier après-midi, le tribun Mélenchon, toujours aussi éloquent, s’est moqué d’ « un festival, d’un feu d’artifice de bobards » qu’il a ensuite démonté : pas de baisse du chômage, pas de fin de la désindustrialisation, pas de hausse du pouvoir d’achat, comme le prétend le président sortant. Et il a fait rire en déclarant : « la dernière fois que je suis allé à l’Arena, c’était d’ailleurs la seule, c’était pour voir les Pink Floyd. C’était plus rempli et moins planant ». L’insoumis, candidat de l’Union populaire, a un point commun avec Marine Le Pen qui poursuit tranquillement une campagne qui la fait monter et se rapprocher d’Emmanuel Macron au point qu’un sondage l’a donnée possible vainqueur, dans la marge d’erreur. Tous les deux pensent qu’ils seront portés au second tour par une vague populaire qu’on ne voit pas encore, cette vague constituée par les abstentionnistes qu’il faut attirer aux urnes, par les quelque 25% d’électeurs qui peuvent encore changer d’avis.
Derrière ce trio, Valérie Pécresse, à la peine, veut y croire, mais a tendance à se répéter : « Vous allez faire mentir ceux qui nous expliquent que c’est joué » a-t-elle lancé hier après-midi aux siens ajoutant que « Marine Le Pen et Éric Zemmour « sont l’assurance réélection d’Emmanuel Macron». Critiquant un manque de campagne, elle a fustigé le « débauchage » et la « trahison ». Songeait-elle à l’absent, Nicolas Sarkozy, dont le nom a été hué à deux reprises ?
Pour la candidate républicaine, comme pour la socialiste Anne Hidalgo, l’essentiel est de sauver les meubles. Valérie Pécresse doit arriver à un score honorable qui éviterait l’éclatement de LR. Plus que la présidentielle, les législatives sont devenues l’enjeu principal. Ciotti a déjà dit que le cas échéant, il voterait Zemmour plutôt que Macron, et Sarkozy, qui devrait soutenir le président pour le second tour lui aurait posé ses conditions : choisir le Premier ministre (Christine Lagarde ?) et obtenir cinquante députés. Anne Hidalgo, qui a vanté les valeurs du « socialisme qui refuse le fatalisme » doit dépasser ses 2% d’intention de vote qui empêcherait le PS d’être remboursé des frais de campagne, il faut atteindre les 5%. Après l’échec de Benoît Hamon il y a cinq ans, ce serait la quasi faillite et la disparition du parti.
Zemmour et Zidane
Eric Zemmour, lui, sait qu’il ne sera pas président et calcule comment il pourra être le reconstructeur de la droite effondrée par l’échec de Pécresse et aussi de Le Pen. Il a de la concurrence avec Marion Maréchal, Laurent Wauquiez, Eric Ciotti, voire Xavier Bertrand et d’autres. Là aussi, les législatives compteront. En, attendant, le patron de Reconquête que Macron, sans le nommer a qualifié de candidat du « grand rabougrissement » a subi samedi un échec… footballistique face à… Zidane. Il avait fait louer par des amis un terrain au complexe sportif ZS d’Aix-en-Provence pour un match 5-5 en salle. Mais le fait qu’il soit accompagné par des journalistes et des caméras n’a pas plu et Zidane a exigé son départ et celui de ses militants. Pas Zinedine, le propriétaire, mais Nourredine, son frère, le gérant. « Je ne savais pas que c’était le terrain de Zidane », a-t-il dit hier après-midi. Et pour ne pas perdre la face, le polémiste a assuré ne pas avoir été viré, mais avoir fait le choix de partir pour éviter « des troubles de l’ordre public ». Ce qui ne l’a pas empêché de déplorer « qu’en France, il y a non seulement des zones de non-droit mais aussi des zones de non foot ».