Lundi, le président français Emmanuel Macron s’était inquiété de « l’épidémie de putschs » en Afrique. Un peu plus de 24 heures plus tard, des militaires mettaient fin au règne des Bongo au Gabon – Omar de 1967 à 2009, puis Ali. Le huitième coup d’Etat depuis 2020 en Afrique centrale et de l’Ouest après les deux au Mali et au Burkina Faso et ceux que le Tchad, la Guinée et le Niger -toujours en cours- ont connu.
Que veulent les putschistes ? S’ils se sentent obligés de prendre le pouvoir, c’est, affirment-ils, pour sauver leur pays qui souffre d’insécurité, de mauvaise gouvernance, de corruption. C’est pour le peuple qu’ils agissent.
Des mots malheureusement peu suivis d’actes. Les peuples ne vivent pas mieux après les coups d’Etat. Les militaires luttent-ils contre la corruption, l’accaparement des richesses par quelques-uns ou veulent-ils seulement en profiter eux aussi en toute impunité? Mohamed Bazoum mettait son pays sur une voie meilleure. Ali Bongo Odimba, lui, n’avait, certes, pas tenu la majorité des promesses faites avant sa réélection, déjà largement contestée, en 2016, et était affaibli depuis un grave AVC en 2018, mais un coup d’Etat reste inacceptable. Et celui mené par le chef de la garde républicaine, le général Brice Oligui Nguema, qui affirme avoir seulement « mis à la retraite » Ali Bongo, n’est accepté ni par l’Afrique ni par les « amis » du Gabon appelés, en anglais, à « faire du bruit » par le président déchu. L’Union africaine, les Etats-Unis, la Chine, la Russie, le Commonwealth rejoint l’an dernier par Libreville, la France, ont condamné.
A Libreville, des habitants ont bien fait du bruit, mais en applaudissant l’armée qui chassait un régime tricheur, « voyou » dont ils ne voulaient plus. Coup d’Etat militaire contre coup d’Etat électoral ?
La France, soupçonnée par certains de soutenir Ali Bongo, doit faire profil bas afin de ne pas alimenter un sentiment anti-français qui existe en dehors de toute propagande russe.