« La » Meloni et ses Fratelli d’Italia ont gagné comme prévu les élections législatives et les portes du palais Chigi lui semblent largement ouvertes, mais le 7 octobre à Prague, c’est bien Mario Draghi, le démissionnaire, qui représentera l’Italie lors du sommet informel de l’Union européenne. Et, auparavant, il se sera mis d’accord avec celle qui devrait lui succéder sur la position de Rome. Giorgia Meloni n’entend pas brusquer les choses ni les partenaires européens avant de s’installer solidement à la tête de son pays.
Malgré sa nette victoire, ce ne sera pas forcément chose facile et il y a toute une procédure à respecter. Le processus de formation du gouvernement ne commencera qu’après l’élection des présidents du Sénat et de la chambre des députés qui doit intervenir avant le 15 octobre. Puis le président de la République commencera ses consultations pour désigner une personnalité chargée de former le gouvernement. Ce ne peut être, bien sûr, que Giorgia Meloni qui fera face aux demandes de ses trois partenaires. Le populiste Matteo Salvini, anti-élite et pro-Russe qui rêvait naguère de pouvoir a trop chuté pour maintenir ses prétentions de départ, notamment son plan de 30 milliards pour gommer les effets de la crise énergétique. Ils se méfient tous les deux de l’Europe et de la Commission de Bruxelles, mais Mme Meloni, tout en promettant de défendre les intérêts de l’Italie, sait que son pays a besoin, pour ne pas sombrer, des milliards européens et a entendu l’avertissement -maladroit mais net- d’Ursula von der Leyen si Rome se conduisait mal à ses yeux, comme ses amis hongrois et polonais menacés de sanctions. Si la future cheffe du gouvernement se battra pour une Europe plus conservatrice et chrétienne, elle attendra et n’empruntera pas tout de suite des chemins escarpés. Priorité au redressement économique, à la maîtrise des déficits car dépenser au-dessus de ses moyens, « c’est un choix que l’on ne fait jamais à la légère. C’est l’argent de la dette que l’on lègue à ses enfants et sur lequel on paie des intérêts. » Elle refuse.
Le vieux Silvio Berlusconi, rêve toujours d’être le patron, mais ses 8% ne lui permettront que de suivre et il risque même de perdre la direction de Forza Italia…
Si l’Italie a mis la barre à droite toute, si la coalition qui va arriver au pouvoir luttera contre l’immigration et toute tentative d’aller vers davantage de fédéralisme comme le souhaitent Macron et Scholz, il est encore trop tôt pour que ses partenaires au sein des 27 s’inquiètent. Certes, les équilibres pourraient changer, mais Rome a trop besoin de Bruxelles pour trop déraper. Et les opposants à « la » Meloni n’ont pas dit leur dernier mot. Si le parti démocratique est en baisse, à moins de 20%, le M5S, Mouvement cinq étoiles, s’est redressé. Ils pourraient s’unir et, demain, menacer une droite qui viendrait à se diviser.