Mercredi dernier, après une nuit de tensions – une centaine de roquettes lancée de Gaza et une riposte massive d’Israël – un cessez-le-feu avait été conclu. Pas suffisant aux yeux de certains dirigeants hébreux qui connaissaient les sondages : 43% de personnes interrogées en faveur d’opération à Gaza contre 34% d’hostiles. L’attaque meurtrière qui a tué quatre enfants, condamnée en Europe, aux Etats-Unis, dans le monde arabe et ailleurs, peut donc répondre au souci de sécurité des Israéliens face aux roquettes contre productives du Jihad islamique. Mais ce n’était pas la préoccupation première de Benjamin Netanyahou quand il a ordonné l’attaque qui a mobilisé une quarantaine d’avions.
Mansour Abbas, le dirigeant du parti islamique Ra’am – 5 députés à la Knesset- affirme avec raison qu’il a agi « afin de résoudre les crises de la coalition ». Bibi qui s’est allié à des extrémistes de droite et des ultra orthodoxes pour reconquérir un pouvoir qui lui éviterait d’être condamné pour fraudes et abus de confiance, est devenu l’otage de ses soutiens exigeants.
Le premier ministre ose dire aujourd’hui qu’il n’a pas réuni son cabinet – le raid a été autorisé par la procureure générale – de crainte que des ministres d’extrême droite n’entraînent le pays dans un conflit plus important ! Peut-être, mais il a surtout voulu satisfaire Itamar Ben Gvir qui critiquait une riposte « faible et laxiste » aux actions du jihad islamique et avait décidé de boycotter les votes à la Knesset. Netanyahou est aussi en butte aux exigences des ultra orthodoxes qui menacent de ne pas voter le budget, ce qui ferait tomber son gouvernement. Il leur a déjà promis 1,5 milliard d’euros et pourrait faire adopter une loi d’exemption militaire pour les étudiants de yeshivas, centres d’études de la Torah et du Talmud.
Aussitôt après ce raid meurtrier, Ben Gvir a salué un « bon début après l’adoption de notre position et les assassinats ciblés de dirigeants du jihad » . Son parti, Force juive, revotera avec le gouvernement, mais il en voudrait plus, notamment « une opération d’envergure en Cisjordanie » .
Le ministre de la Défense, Yoav Galant, ne dit pas non à cette option. Il est prêt à tous les scénarios « y compris une campagne prolongée et l’extension de la portée des tirs ». L’opposition ne proteste pas : « nous soutiendrons toute opération visant à défendre les habitants du sud ».
Ce mardi, un de ses anciens assistants a témoigné contre Netanyahou dans une des trois affaires de corruption qui le visent…