Depuis quelques jours une vidéo circule sur les réseaux sociaux, mettant en scène une ribambelle de chérubins, s’exerçant au chant. On aurait pu s’en attendrir si nous n’avons pas été saisis d’effroi à l’écoute des paroles… Un hymne à la gloire du Président Kais Saied porté par des notes enfantines.
Si nous ne doutons pas de la non-implication du Chef de l’Etat dans cette forfaiture musicale, cela ne nous empêche pas de craindre le pire. Parce qu’on la connait, cette petite musique-là ! Elle est celle d’un régime autoritaire, où l’art, se met au service d’un seul homme et de son action.
Et notre mémoire nationale ne se souvient que trop bien, des œuvres à la gloire de nos anciens dirigeants qui, au-delà de leurs réalisations, pas du tout négligeables, ont consacré hélas, cette pratique. Ils ont retardé, ce faisant, l’avènement de la démocratie et l’éclosion de la liberté d’expression.
Cet « épisode artistique » en dit long sur notre prédisposition en Tunisie à brader notre liberté, soit le plus précieux des acquis humains, contre des faveurs hypothétiques du gouvernant. Il renseigne également sur l’avancement démocratique dans l’esprit qui est encore freiné par de vieilles habitudes de démissions et de courtisaneries.
Est-ce une inconscience de la part du maitre de ces enfants ou une manipulation volontaire de petits êtres innocents? Quelle que soit la réponse, le crime est là. Et les victimes nombreuses : les enfants bien sûr, leurs parents qui ont donné une confiance naturelle au maître et le Président lui-même qui est ainsi desservi par là où ce maître croit le servir. Et enfin notre jeune démocratie qui en prend là un sacré coup.
Voilà qui doit mériter une réflexion et une réaction vigoureuse pour étouffer cette velléité courtisane dans l’œuf. Il en va tout simplement de l’avenir de la démocratie dans notre pays.