« Si l’Ukraine tombe, l’Europe tombera » prédit Volodymyr Zelinsky. Le président ukrainien est totalement dans son rôle en réclamant, en suppliant les Occidentaux d’aider davantage son pays, voire d’envoyer des troupes se battre à ses côtés et de décréter une zone d’exclusion aérienne. L’Otan refuse car cela entraînerait une escalade et le risque d’une guerre qui pourrait devenir nucléaire. Oui à la livraison d’armes et d’avions de combat -qui ne pourraient être que ceux que les Ukrainiens peuvent piloter tout de suite comme les Mig et les Sukhoï que possèdent la Pologne, la Bulgarie, la Slovaquie ou la Roumanie. Non à une intervention directe.
Protéger l’Ukraine, c’est défendre la sécurité de l’Europe. La laisser tomber serait un signe de lâcheté et d’impuissance de cette Europe qui rêve enfin d’unité. Depuis le début de l’offensive russe qui n’a pas provoqué de riposte militaire occidentale, on entend parler d’ « esprit de Munich », un rappel du 30 septembre 1938 et, avec ce refus d’une zone d’exclusion aérienne, certains citent Churchill qui lançait à Chamberlain et Daladier : « Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ». Mais ces critiques, dont BHL, qui ne sont ni militaires ni stratèges, ne se prononcent pas sur ce qu’ils conviendrait de faire pour que Poutine cède. Et ils oublient que l’on ne peut comparer septembre 1938 à mars 2022. L’arme nucléaire est là et Poutine pourrait l’utiliser, détruire d’abord cette Ukraine que l’Europe veut défendre. On ne peut pas parier sur le fait que Valeri Guerassimov, chef d’état-major de l’armée et l’un des trois hommes dont l’accord est nécessaire pour déclencher le feu nucléaire n’appuierait pas, comme on le suppose, sur le bouton. Le monde entier subirait de conséquences désastreuses d’une guerre nucléaire. L’Otan a-t-elle tort de vouloir l’éviter ? Non, mais l’urgence absolue est de maintenir une pression extrême sur la Russie de Poutine, de durcir encore les sanctions tout en poursuivant l’action diplomatique. Refuser le risque nucléaire, est-ce de la lâcheté ou le souci de préserver l’avenir, même s’il est insupportable de voir Poutine tuer froidement au nom de sa fausse vision de l’histoire.
L’isolé du Kremlin ne négociera pas avant d’avoir obtenu au moins une « victoire ». Cela peut être la prise d’Odessa qui priverait l’Ukraine d’un accès à la mer Noire.