Elle va fêter ses 39 ans jeudi et elle vient peut-être de perdre une de ses résidences habituelles, le yacht Shéhérazade, estimé à 700 millions d’euros qui a été immobilisé par les autorités italiennes. Son propriétaire n’est pas officiellement connu, mais l’enquête menée par Rome « a permis d’établir des liens significatifs, économiques et d’affaires, entre la personne qui possède officiellement le navire Shéhérazade et d’éminentes personnalités du gouvernement russe ainsi que des personnalités russes sanctionnées par l’Occident à la suite de l’invasion de l’Ukraine».
Alina Kabaeva fait partie de ces personnalités proches du pouvoir russe, sans doute la plus proche, tellement proche que les Etats-Unis n’ont pas osé la sanctionner. D’après le Wall Street Journal, les autorités américaines l’auraient retirée au dernier moment des listes des personnes à sanctionner, de peur que Poutine le « prenne personnellement » et y « réponde agressivement, engendrant une escalade supplémentaire dans les tensions ». La Russe est menacée d’une interdiction d’entrée dans l’UE et d’un gel des avoirs, dans le cadre d’un sixième paquet de sanctions européennes actuellement en discussion, mais l’unanimité des Vingt-Sept est requise pour l’adoption de telles sanctions.
Alina Kabaeva est née le 12 mai 1983 à Tachkent en Ouzbékistan et s’est fait connaître internationalement grâce à ses performances de gymnaste. Un palmarès impressionnant depuis son premier titre européen en 1998 jusqu’à une première place mondial en 2007 suivant une médaille d’or olympique en 2004, entrecoupé par une année de suspension pour prise de furosémide, un diurétique interdit, en 2001. C’est cette année-là, précisément le 8 juin, qu’elle rencontre pour la première fois Vladimir Poutine qui la décore de l’ordre de l’Amitié. On les aurait ensuite revus pas loin l’un de l’autre… On sait qu’en 2006, la gymnaste se sépare de son petit ami, un capitaine de police nommé David Museliani. L’année suivante, Alina, élue député, devient vice-présidente de la commission jeunesse de la Douma. En 2008, elle est présidente d’un organe de surveillance du National Media Group dont elle dirige le conseil d’administration depuis 2014. Selon l’UE, le NMG est « une holding qui détient d’importantes parts dans presque tous les principaux médias russes fédéraux qui reproduisent la propagande du gouvernement russe ». Cette présidence, pour laquelle Alina n’a aucune qualification, lui assurerait dix millions de dollars par an…
En 2008, le média Moskovski Korrespondent annonce le divorce de Poutine et de sa femme Lioudmila Chkrebneva -ils ont eu deux filles- et son remariage avec Alina Kabaeva. Quelques jours plus tard, son rédacteur en chef Grigori Nekhorochev est licencié et le journal suspendu, puis fermé. Poutine est entré dans une violente colère : «J’ai toujours détesté ceux qui, avec leur nez morveux et leurs fantasmes érotiques, s’introduisent dans les affaires privées des autres. J’ai une vie privée dans laquelle je n’autorise aucune ingérence.». Le divorce sera officialisé en 2013, mais la relation de « la femme la plus souple du monde » et du Russe le moins flexible demeure secrète et même démentie à plusieurs reprises par la Pravda et le porte-parole du Kremlin : le président, tout à son travail pour le pays, n’a pas le temps d’avoir une vie de famille… En 2018, en réponse à une question, il dit qu’il se remariera un jour. C’était peut-être déjà fait. Bien des sources l’affirment mais ne savent ni où ni quand, il aurait épousé Alina.
Il aurait eu plusieurs enfants avec son amante secrète, nés entre 2009 et 2019. Quatre ou cinq venus au monde en Suisse ou à Moscou. Peut-être, sans doute, des jumeaux en 2019 dans une maternité russe sous protection des services présidentiels.
Où vit-elle? A Coligny sur les hauteurs de Genève ? Elle y a bien séjourné, et à plusieurs longues reprises, mais «le Département fédéral de justice et police ne dispose d’aucune indication concernant la présence de cette personne en Suisse ». Pas de confirmation non plus qu’elle, et ses enfants possèdent un passeport helvétique.
Où est-elle ? Le 21 avril, elle a assisté à la répétition d’un gala de gymnastique qui devait être diffusé aujourd’hui à la télévision. Sur une photo -il était pourtant interdit d’en prendre-, on la voit le visage gonflé – chirurgie esthétique ?- et une alliance à l’annulaire de la main droite, comme il est d’usage en Russie. A cette occasion, elle a approuvé « l’opération spéciale » menée en Ukraine et critiqué la suspension d’athlètes russes qualifiée « de page honteuse dans l’histoire du sport mondial ».
Selon The Wall Street Journal, qui cite des responsables américains, Alina Kabaeva est décrite par un rapport confidentiel du renseignement américain comme une bénéficiaire de la fortune de Vladimir Poutine. « Il ne fait pas de doute qu’Alina Maratovna Kabaeva a dansé mieux que quiconque avec un ballon et un ruban mais n’aurait aucune compétence à gérer des sociétés audiovisuelles et des journaux sans sa connexion avec Poutine », a affirmé Navalny. Un proche du dissident emprisonné, Georguy Alburov, qui vit caché en Europe, explique à Paris Match : «Même en Russie, l’argent laisse des traces. Et des sommes considérables laissent des traces considérables. Alina, sa mère, sa sœur, ainsi que sa grand-mère sont les propriétaires de nombreuses et très chères propriétés qui, toutes, leur ont été données par des intimes de Poutine », affirme-t-il, preuves à l’appui.Dans Paris Match de cette semaine, Caroline Fontaine, qui signe l’article, conclut : « C’est absolument impossible de savoir exactement où est-ce qu’elle vit, où sont scolarisés ses enfants. C’est un incroyable mystère, aujourd’hui en 2022, de ne rien connaître sur cette femme et sur ses enfants.