Dix ans de prison avaient été requis le 20 mars à l’encontre de Boualem Sansal. Il a été condamné à cinq ans aujourd’hui. En divisant la peine par deux, le régime algérien a montré qu’il n’était pas insensible aux appels lancés en faveur de l’écrivain, surtout en France. Cependant, on ne peut pas parler de justice mais seulement d’un faux semblant de son indépendance. En ne suivant pas à la lettre le réquisitoire, elle voudrait prouver qu’elle n’est pas aux ordres…
Faux, c’est le palais d’El Mouradia qui a mené toutes les opérations contre Sansal depuis le début. Ce verdict peut, malgré tout, être interprété comme un nouveau signal d’apaisement. Abdelmajid Tebboune avait fait un premier geste en affirmant qu’il faisait confiance à Emmanuel Macron, son « alter ego » avec qui « je travaille ». Le président français avait fait appel à sa « clairvoyance » pour trouver « une issue rapide »
Après l’annonce du verdict, le quai d’Orsay a réagi sur le même mode : « Nous déplorons la condamnation à une peine de prison ferme de notre compatriote Boualem Sansal .Nous réitérons notre appel à une issue rapide, humanitaire et digne à cette situation ».
Cette « clémence » laisse espérer une grâce présidentielle à l’occasion de l’Aïd el Fitr qui sera célébrée lundi. L’an dernier, le président avait prononcé 8 000 grâces en prenant soin d’exclure les coupables de crimes graves. Or, celui commis par Boualem Sansal est particulièrement sérieux, voire impardonnable aux yeux du régime qui gouverne par la peur. L’écrivain a osé parler librement, dévier du narratif officiel, user de sa liberté d’expression.
La décision de Tebboune d’accorder une grâce totale ou partielle constituera un test de la volonté d’Alger de renouer de meilleures relations avec Paris. La liste des désaccords et reproches restera quand même longue.