« Il n’y a pas de fumée sans feu ». Si l’on considère que cette expression traduit une certaine vérité, même bien cachée, Nicolas Sarkozy n’est pas innocent dans cette suspicion de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
L’ancien président a raison quand il affirme qu’il n’existe aucune preuve formelle contre lui et que l’argent arrivé sur le compte de Ziad Takieddine, en fuite et absent lors du procès, tout comme les histoires de tableau de maître et d’appartement de son ami et ministre Claude Guéant ne le concernent pas directement.
« Le Parquet national financier persiste depuis 13 ans à essayer par tous les moyens possibles de prouver ma culpabilité dans l’affaire du prétendu financement libyen, se plaint l’ancien président qui estime que « la fausseté et la violence des accusations » et « l’outrance de la peine réclamée » par le parquet ne visent « qu’à masquer la faiblesse des charges alléguées ».
Les procureurs, eux, sont intimement convaincus de l’existence d’un «pacte de corruption inconcevable, inouï, indécent» et s’appuient sur des indices tels que les déclarations de Takieddine, l’accueil puis l’exfiltration de Bechir Saleh…
Le Parquet national financier s’appuie aussi sur le passé judiciaire de l’ancien président porteur d’un bracelet électronique pour sa condamnation à trois ans de prison dont un ferme dans l’affaire des écoutes et à un an dont six mois fermes dans l’affaire Bygmalion. Encore des frais de campagne… Il est aussi mis en examen dans l’affaire dite « Sauver Sarkozy » qui vise les conditions des rétractations de Takieddine. Le portrait dressé par les procureurs est terrible : «Se dessine au gré des enquêtes judiciaires qui émaillent désormais son parcours, la silhouette d’un homme porté par une ambition personnelle dévorante, prêt à sacrifier sur l’autel du pouvoir les valeurs essentielles que sont la probité, l’honnêteté et la droiture dont il devait pourtant être l’incarnation au regard de la grandeur des fonctions auxquelles il prétendait et auxquelles il a accédées.»
Les avocats de Sarkozy contestent et accusent. Ce matin, sur RMC, maître Christophe Ingrain, a dénoncé une « détestation personnelle » du ministère public contre l’ancien président de la République. Le parquet invente une histoire », assure l’avocat qui ajoute que « Nicolas Sarkozy va très bien. Le procureur qui l’abattra n’est pas encore né. » Sur Franceinfo, un autre de ses conseils ,Me Jean-Michel Darrois, « maintient” que le parquet a menti et que le réquisitoire ne correspond pas au dossier qui a été examiné durant le procès.
Le contentieux entre la justice et l’ancien président date de 2004-2005 quand il a été impliqué faussement dans l’affaire Clairstream ou affaire du corbeau des frégates de Taïwan. On évoquait un compte occulte au nom de celui qui était alors ministre de l’Economie et songeait à l’Elysée.
Nicolas Sarkozy n’a jamais pardonné à la Justice. On se souvient qu’il a qualifié les juges de “petits pois sans saveur”, de « laxistes », déclaré qu’ils manquaient de courage et devaient être sanctionnés s’ils commettaient des erreurs. Son avocat dans l’affaire des écoutes les a traités de « bâtards ».
Au-delà du procès, c’est un véritable bras de fer qui oppose Nicolas Sarkozy au Parquet national financier. Le jour du jugement, l’un des deux perdra gros.