Un calme relatif était revenu ce matin à Dakar et dans l’ensemble du pays après les pires émeutes qu’ait connues le pays depuis des années, et quatre morts, mais l’on redoutait de nouvelles violences, de nouveaux affrontements avec la police car le pays reste profondément divisé. Beaucoup, et pas seulement les partisans d’Ousmane Sonko, n’ont pas apprécié le discours du ministre de Intérieur Antoine Félix Diome qui condamne « des actes regrettables de vandalisme et des violences », parle de « forces occultes », de « grand banditisme et de terrorisme ». Toutefois, selon de nombreux observateurs, la substance de son discours variait considérablement selon qu’il soit prononcé en français ou en wolof.
Amnesty International s’inquiète du fait que des civils armés de gourdins accompagnent les forces de l’ordre, frappent et arrêtent des manifestants, qui seront tous jugés, a fait savoir le ministre de l’Intérieur.
Le silence du président Macky Sall étonne et de plus en plus de voix demandent son intervention. Dans une lettre, des dizaines d’organisations écrivent: « Les tensions socio-politiques qui secouent le pays, depuis quelque temps, prennent de plus en plus des allures inquiétantes et nous préoccupent. Une affaire privée qui est censée concerner deux citoyens soulève un rapport de force dangereux entre le pouvoir et l’opposition.
Les signaux sont rouges !
(…) Monsieur le Président,si on n’y prend garde, cette situation peut engendrer des conséquences irréversibles sur la démocratie, l’Etat de droit et les conditions de vie du peuple sénégalais. Monsieur le Président, la plateforme de la Société civile JAMMI REWMI, vous interpelle et vous exhorte, en tant que garant de la sécurité nationale et de la cohésion sociale à vous adresser officiellement au peuple sénégalais ».
Aucune forme d’opposition dans cette lettre adressée au « père de la nation » dont la voix doit apaiser le peuple.
Ousmane Sonko, lui, est toujours en garde à vue, au moins jusqu’à demain soir. Il pourrait être présenté à un procureur lundi pour répondre pour des infractions de « trouble à l’ordre public » et « participation à une manifestation non autorisée ». Également lundi, il est convoqué par le juge d’instruction au sujet accusations de viol et de menace de mort. Pour le ministre de l’Intérieur, il n’y a aucun complot contre un opposant, mais simplement « un contentieux judiciaire qui implique deux citoyens sénégalais ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres,« très préoccupé par la violence récente vue à Dakar et ailleurs au Sénégal, appelle toutes les parties à éviter une escalade de la situation ».