Il y a quelques jours, les paramilitaires de la Force de soutien rapide ont commis un massacre dans des villages de l’Etat d’Al Jazira dans le centre du pays. Plus de 120 morts et 200 blessés. Presque habituel dans ce Soudan où un conflit meurtrier oppose depuis avril 2023, l’armée du général al-Burhane, dirigeant de facto du pays, à la FSR de son ex allié, Mohamed Hamdane Daglo, surnommé Hemetti.
Il ne fait pas la « une » des journaux, seulement quelques « brèves ». Un conflit oublié dans lequel on ne recense même plus les morts dont le nombre est estimé entre 20 000 et 150 000. Lundi, devant le Conseil de sécurité, Antonio Guterres s’est inquiété : « la souffrance grandit de jour en jour avec 25,6 millions de personnes ayant désormais besoin d’aide » soit plus de la moitié de la population. On compte plus de 13 millions de déplacés, dont 3 millions au-delà des frontières.
Dans un rapport qui vient d’être remis, la commission d’établissement des faits, créée fin 2023 par le conseil des droits de l’homme de l’Onu, son président Mohamed Chande Othman écrit qu’ « il n’y a plus d’endroits sûrs au Soudan miné par les violences sexuelles et les persécutions. » Leur niveau, insiste-t-il, atteint une « ampleur stupéfiante ». Il n’est pas le seul à s’effrayer du drame soudanais : « Toutes les guerres sont brutales, mais le bilan de celle-ci est particulièrement horrifiant » s’indigne Amy Pope, patronne de l’Organisation internationale pour les migrations.
Ce Soudan en guerre, ce ne sont pas seulement des combats, des bombardements, la mort, c’est aussi l’esclavage sexuel des femmes et des filles, les viols d’hommes et de garçons, la torture, les violences ethniques, la famine, les épidémies dont le choléra… Des faits documentés qui peuvent, selon les enquêteurs, être qualifiés « de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité » commis, pratiquement tous par les hommes de Daglo.
« Si nous n’agissons pas et ne prêtons pas attention à ce qui se passe au Soudan, de nombreuses vie seront perdues. Il est urgent de tirer la sonnette d’alarme : le Soudan a besoin du même niveau d’attention que Gaza et le Liban. » assure Ted Chaiban, directeur exécutif de l’UNICEF. Mais comment faire ? Toutes les conférences et pourparlers de paix organisés à l’Onu, en France, en Suisse, en Egypte ou ailleurs ont échoué.
Lundi, le secrétaire général des Nations unies a exhorté les deux parties à mettre fin au conflit et à rejoindre la table des négociations. Il a appelé à envoyer une force dite « impartiale » sur le terrain pour protéger les civils. En attendant, le cauchemar s’étend : une nouvelle milice vient de voir le jour dans l’est du pays. En accord avec l’armée, elle veut défendre la région jusque-là épargnée.