Un rapport de cause à effet ? Bachar al Assad est parti jeudi à Moscou, le jour où l’offensive d’une coalition regroupant des rebelles et des djihadistes a lancé son offensive sur Alep. Visite apparemment non prévue pour un appel au secours et la mise à l’abri de membres de sa famille ? Le Kremlin lui a intimé de « mettre de l’ordre au plus vite » et, à son retour, samedi, à Damas, Assad a publié un communiqué affirmant que « la Syrie est capable, avec l’aide de ses alliés et amis, de les vaincre et de les éliminer, quelle que soit l’intensité de leurs attaques». L’aviation russe a mené des frappes sur Alep et l’Iran, qui aurait perdu un général lors de l’attaque sur la ville, a fait part de son soutien et demandé une coordination avec Moscou. Mais ces deux alliés sont eux-mêmes déstabilisés…
Pour eux, cette nouvelle flambée de guerre civile résulte d’un complot fomenté par les Etats-Unis. Washington y voit une autre raison : « le refus persistant du régime d’Assad de s’engager dans le processus politique prévu par le Conseil de sécurité de l’ONU en 2015 et sa dépendance à la Russie et à l’Iran ont créé les conditions pour les événement en cours, y compris l’effondrement des lignes tenues par le régime d’Assad dans le nord-ouest de la Syrie ».
Difficile de s’y retrouver dans cette Syrie devenue terre d’affrontements d’autres pays, la Russie, l’Iran par le biais du Hezbollah libanais, la Turquie, Israël, les Etats-Unis. Une terre où le régime contestée n’a qu’un but : garder le pouvoir, continuer d’en profiter en famille. Mais si l’on peut souhaiter la chute d’Assad et une ouverture démocratique, on ne peut accepter la victoire de Hayat Tahrir al Cham qui domine la coalition formée par tous les combattants anti-régime. S’il s’est séparé d’Al Qaïda et se veut à la tête d’un « jihad populaire », HTS n’en demeure pas moins un dangereux groupe islamiste autoritaire qui, malgré des concessions à Idlib, ne tolère guère les opposants. Ni l’un ni l’autre…
Que va-t-il arriver maintenant ? Certaines sources affirment que le chef d’HTS, Abou Mohammed Al Joulani, a été tué par les bombardements russes, mais ses hommes – 10 à 15 000- et les autres rebelles avanceraient vers la ville de Hama. Des combats ont été signalés à Deraa d’où est partie la révolte en 2011 et à Homs, des coups de feu ont été signalés à Damas même.
Les spécialistes de la Syrie sont partagés. Pour les uns, l’armée de Bachar « en débandade » à Alep n’est pas en mesure de résister. Pour d’autres, la coalition d’opposants n’est pas assez forte pour se lancer à l’assaut de Damas. Les voisins jordanien et irakien tiennent à la stabilité et à l’intégrité de la Syrie. Pas question d’islamistes au pouvoir. La Turquie qui espère le départ de son sol des réfugiés syriens n’aurait pas forcément à gagner d’un effondrement du régime dans lequel les Kurdes auraient pris leur part.
Quelque 500 000 morts depuis 2011… Les Syriens retombent dans la peur…