Il voulait absolument un vote de confiance pour montrer au monde qu’il était aimé des siens et sur le bon chemin pour construire son « Algérie nouvelle » enviée et respectée. Mais il s’est fabriqué un « score à la soviétique » (94,65%) qui a attiré les protestation de tous les camps, y compris du sien, pour des « irrégularités et contradictions » dans les résultats publiés par l’Autorité nationale indépendante des élections.
L’Anie a inventé ses propres normes en parlant d’un « taux moyen » de participation de 48% avec « 5,32 millions de suffrages » pour Abdelmajid Tebboune sur « 5,63 millions de voix » pour les trois candidats. Quand on sait qu’il y avait potentiellement 24 millions d’électeurs, cela fait environ 23% de votants, bien moins que les 39,88% de 2019. Pas de quoi pavoiser !
Au lendemain de cette présidentielle, l’Algérie ne change pas, reste déconnectée des réalités et de sa société, aux mains de son président de 78 ans et de ses vieux généraux. Les Algériens ne se satisfont pas d’un pays rentier qui tire certes son épingle du jeu mais seulement grâce aux hydrocarbures qui ne sont pas éternels et qui n’a pas su diversifier son économie et anticiper. Le pouvoir est dépassé et coupé de cette jeunesse qui ne songe qu’à l’exil. 30% ont moins de 15 ans…
« Tonton » Tebboune n’a pas lésiné sur les promesses : doublement du salaire des fonctionnaires et du PIB, création de 450 000 emplois et de 2 millions de logements, autosuffisance en blé, orge et maïs. Il n’a pas parlé de l’isolement accru de son pays sur la scène africaine et mondiale, des aspirations à plus de libertés. Malgré les déclarations, les affirmations d’une presse aux ordres, les « succès » ne sont que des mots et les clans au pouvoir autour de Tebboune et de Chengriha ne songent qu’à préserver et prolonger leurs intérêts…
Pas de vote de confiance donc, mais plutôt de défiance. Un échec infligé par une population en attente d’un sursaut, d’une prise de conscience. Une déception aussi pour l’opposition qui n’a pas su mobiliser des électeurs désabusés. Le vote prouve que le pays va mal malgré les apparences…
Cette présidentielle peut sonner comme un avertissement pour d’autres pays tentés par l’autocratie et qui, comme l’Algérie, prive de parole ses opposants.