La trêve espérée, que l’on dit proche depuis plusieurs jours, se fait attendre. L’Egypte, le Qatar, les Etats-Unis, la France et d’autres pays font pression sur les protagonistes pour qu’un accord soit signé, qui éviterait que le pire arrive. « La vérité est qu’une opération terrestre à Rafah sera tout simplement une tragédie sans nom. Aucun plan humanitaire ne peut contrer cela. Le reste n’est que détail », a déclaré le chef des Affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, après les déclarations du Premier ministre israélien réitérant son intention d’entrer dans Rafah.
Il semble bien que le Hamas et surtout le Premier ministre israélien retardent au maximum la trêve, ou même la refuse. Un négociateur qatari confie qu’à chaque fois que l’on approche d’un accord, l’une ou l’autre partie le sabote.
Benjamin Netanyahou veut poursuivre sa guerre, obtenir un succès militaire qui éviterait sa chute. Ses extrémistes, Ben Gvir et Smotrich, sont également prêts à faire tomber le gouvernement si un cessez-le-feu est conclu.
Sur la radio française franceinfo, Guillaume Ancel, ancien officier et écrivain, auteur du blog « Ne pas subir », estime que « Si Benjamin Netanyahou voulait torpiller la proposition d’accord avec le Hamas, il ne s’y prendrait pas autrement. On a l’impression qu’il fait tout pour faire perdurer le Hamas ». Et ce spécialiste du Proche Orient le charge : « quand il essaie de nous faire croire que le quartier général du Hamas maintenant serait sur Rafah (…) il ment à sa société et il ment au monde entier. »
Côté Hamas, Yahia Sinwar apparaît peu pressé de voir les armes se taire. Il ne s’est jamais soucié du bien être des Gazaouis dont le martyr servirait la cause palestinienne -Ismaël Haniyeh l’a également prétendu. Pour lui, la poursuite de la lutte renforce le prestige de son mouvement au sein des Palestiniens comme des opinions arabes et affaiblit Israël. Il sait aussi que le retour à la vie normale ne sera pas forcément facile, que les Gazaouis qui souffrent lui demanderont des comptes. En outre, Sinwar veut empêcher le rapprochement, toujours d’actualité, entre l’Arabie Saoudite et Israël. Pour les Américains, il est essentiel à la réussite du « jour d’après » et à la reconstruction de Gaza qui ne se fera qu’avec la participation des pays du Golfe.
En insistant pour obtenir un accord « maintenant », Antony Blinken songe aussi à la présidentielle de novembre. Une attaque de Tsahal à Rafah plomberait encore davantage la campagne de Joe Biden…
Les pays arabes, qui ne soutiennent que du bout des lèvres le Hamas, travaillent à cet apaisement qui ne les mettraient pas en porte à faux avec leurs opinions et ne nuirait pas aux perspectives économiques qui se dessinent.
Dans ces tractations difficiles, il ne faudrait pas oublier la Cisjordanie où les mêmes Ben Gvir et Smotrich encouragent les colons meurtriers protégés par l’armée.