Le droit américain, tout comme l’européen, permet l’extraterritorialité de certaines lois nationales. Elle s’exerce, pour Washington, dans de nombreux domaines allant du terrorisme à la fiscalité, de l’usage du dollar à la corruption. Cette fois, Donald Trump aborde un domaine inédit, celui de l’égalité hommes-femmes.
Plusieurs entreprises françaises du CAC 40 et des gros cabinets d’avocats ont reçu ces derniers jours un courrier de l’ambassade des États-Unis les interrogeant sur l’existence de programmes internes de lutte contre les discriminations. Les destinataires sont invités à certifier qu’ils n’opèrent pas de programme anti-discrimination en leur sein. Dans le document reçu , il est par exemple écrit que « tous les contractants du Département d’État doivent certifier qu’ils n’exploitent aucun programme de promotion de la DEI (Diversité, équité et inclusion) qui viole les lois anti-discrimination applicables et conviennent [les contractants] que cette certification est essentielle aux fins de la décision de paiement du gouvernement et donc soumise à la loi sur les fausses déclarations ». Un formulaire de certification en anglais mais également traduit en français pour plus du clarté, enjoint les entreprises tricolores de confirmer sous cinq jours à réception être « en conformité avec toutes les lois fédérales anti-discrimination applicables et de ne pas mettre en place de politique en ce sens.
Cette exigence américaine va à l’encontre des lois françaises et des directives européennes qui visent à renforcer et à accélérer la mixité et l’égalité professionnelle, y compris dans les conseils d’administration. Le chemin n’est pas facile, mais les progrès sont réels et continus.
Dès son arrivée à la Maison Blanche, le 20 janvier, Donald Trump avait signé un décret exécutif déclarant « illégaux » les programmes et politiques de « DEI » (Diversité, équité, inclusion), promouvant l’égalité des chances, au sein de l’État fédéral. Ainsi, la nouvelle administration entendait restaurer l’opportunité basée sur le mérite.
Avec cette nouvelle pression, Donald Trump confirme son mépris pour l’Union européenne, créée selon lui, uniquement pour « entuber l’Amérique ». Il veut la diviser, l’affaiblir, la faire plier. Le président américain qui n’a aucune vision stratégique, ne songe qu’à se venger, qu’à faire rentrer des dollars. Il est fort avec ceux qu’il estime faibles mais très conciliant avec les autoritaires qu’il admire comme Poutine ou Xi… Les Américains commencent à comprendre que la Russie a pris l’ascendant…
Comment vont réagir la France et l’UE. L’entourage du ministre français de l’Économie a fait savoir vendredi à franceinfo et France Inter que « cette pratique (américaine) reflète les valeurs du nouveau gouvernement américain. Ce ne sont pas les nôtres ». Et d’ajouter que « le ministre le rappellera à ses homologues au sein du gouvernement américain ». Attentisme prudent.