En campagne, le candidat Trump s’était vanté de n’avoir besoin que de « vingt-quatre heures » pour obtenir la paix en Ukraine. Il y a quelques jours, le président corrigeait : « J’étais un peu sarcastique quand j’ai dit ça. » Hier soir, il était tout aussi embarrassé en rendant compte de son entretien avec son homologue russe. Aucun de ses superlatifs habituels pour qualifier ses « magnifiques » résultats, seulement la reconnaissance qu’« il aurait été difficile de faire accepter un cessez-le-feu complet car les Russes ont l’avantage sur le terrain militaire ». Pour ne pas le battre par KO, Vladimir Poutine lui a concédé le minimum : fin des frappes sur les sites énergétiques.
Donald Trump apparaîtrait-il au grand jour tel qu’il est : fort avec les faibles, faible avec les forts. Sur l’Ukraine, c’est le Russe qui a les cartes en mains, qui peut imposer ses conditions. Il continue, en réalité, d’exiger la reddition totale de l’Ukraine. Jusqu’où cédera Trump ? Pourrait-il transformer une humiliation en victoire ?
Sa piètre performance est critiquée par l’ensemble de la presse américaine et l’opinion publique ne partage pas son sentiment pro russe. Selon un sondage réalisé par la chaîne NBC, la sympathie de 61% des Américains va à l’Ukraine contre 2% à la Russie.
Président le moins populaire après un mois et demi de mandat – à l’exception de Trump en 2017- il accumule les déboires. Mardi, le juge conservateur de la Cour suprême John Roberts lui a reproché de vouloir destituer un juge qui s’était opposé à une de ses décisions -le renvoi de 200 migrants au Salvador-, expliquant que « depuis plus de deux siècles, il est établi que la destitution n’est pas une réponse appropriée à un désaccord sur une décision judiciaire. ». Quelques jours plus tôt, la Cour suprême avait décidé que le gouvernement fédéral devait verser une partie de l’aide internationale annulée. Un juge fédéral a, pour sa part, estimé que les décisions sur l’USAID « ont probablement violé la Constitution des Etats-Unis de multiples manières ». Mardi également, une juge fédérale a suspendu l’interdiction des personnes transgenres dans l’armée, invoquant le principe d’égalité. A ce jour, des dizaines de décrets signés avec ostentation sont contestés par des juges. Une justice, elle-même contestée par Trump, ce qui conduit le média Politico à s’inquiéter d’une « confrontation de plus en plus inquiétante » entre le président et la justice américaine. Vendredi dernier, Donald Trump a affirmé que « mes prédécesseurs ont transformé ce département de la Justice en département de l’Injustice ». D’autres part, la bourse chute, la croissance est en berne et le coût de la vie en hausse.
Pour l’instant, le locataire de la Maison Blanche ne s’en soucie absolument pas. Il a la majorité au Congrès et le parti démocrate, divisé, est au plus bas dans les sondages. Rien, ou peu, à craindre avant les élections de mi-mandat.
Sauf imprévu, Donald Trump, persuadé qu’il a raison, ne reconnaîtra que sa loi, son narratif, ses vérités alternatives.