Le « plan de victoire » présenté par Volodymyr Zelensky n’est plus qu’un rêve impossible : ses alliés n’y ont pas vraiment répondu, se contentant des mots et, sur le terrain, la situation est de plus en plus difficiles pour des Ukrainiens à bout de souffle et de réserves.
La seule question qui vaille aujourd’hui est de savoir ce que va faire Donald Trump. Poutine veut prendre un avantage décisif avant le 20 janvier et de possibles négociations. Ses troupes gagnent du terrain dans le Donbass et il a massé 50 000 hommes dont des milliers de Nord-Coréens -certains ont déjà été tués- pour reconquérir la région de Koursk tenue depuis le mois d’août par les Ukrainiens. Zelensky voulait en faire un moyen de pression, une monnaie d’échange.
Le président élu le 5 novembre répète qu’il peut arrêter la guerre en 24 heures, mais n’a jamais expliqué par quels moyens. Ses proches, de son fils Donald junior qui a tweeté dimanche à l’intention de Zelensky « vous êtes à 38 jours de perdre votre argent de poche » à JD Vance, son vice-président qui veut geler le front et créer une zone tampon où stationneraient des soldats européens, estiment que la guerre est perdue pour Kiev, qu’elle ne concerne pas les Etats-Unis qui ont trop donné et qu’il faut tenir compte de ce que veut la Russie. Un abandon ? Des négociations entre Washington et Moscou sans Kiev ni l’Europe mais avec la Chine, le Qatar et la Turquie qui ont servi naguère de médiateurs ?
Tout est envisageable, mais si Trump est imprévisible, il y a une constante chez lui : œuvrer pour la grandeur de l’Amérique. On le voit mal céder face à Poutine, lui concéder une victoire qui sonnerait comme une défaite pour les Etats-Unis. Certes, il veut la paix, mais avant il entend, comme d’habitude chez lui avant de conclure un deal, créer un rapport de force, gagner quelque chose. Il aurait dit au président ukrainien qu’il autoriserait l’utilisation de missiles à longue portée, interdite par Biden. De quoi faire réfléchir le Russe bien plus que la menace peu sérieuse de Zelensky de fabriquer une petite bombe atomique au plutonium, du type, en moins puissant de Fat Man, celle qui a frappé Nagasaki.
Alors que l’hiver arrive, empêchant les blindés de manœuvrer et laissant le terrain aux fantassins, plus nombreux du côté russe qui ne se soucie pas du nombre effrayant de morts, l’Ukraine voit donc son avenir placé entre les mains de Trump.
Boris Johnson, l’ancien Premier ministre britannique, qui vient de publier ses mémoires, Unleashed en anglais, Indomptable en français, confie à L’Express à propos de son ami américain: « sur l’Ukraine, je pense que ses positions seront spectaculairement différentes de ce que tout le monde dit ».