Pour l’ensemble des observateurs, Donald Trump est responsable des déboires républicains lors des midterms. L’annonce, attendue, de sa candidature en 2024, n’a donc pas été accueillie avec ferveur et espoir. C’est celle d’un « loser ». Fox News a coupé son discours au bout de 40 minutes -il a duré un peu plus d’une heure- et CNN avait changé de programme dix minutes plus tôt ; MSNBC n’a rien diffusé.
Dans n’importe quelle autre démocratie, un politique ainsi battu après un échec présidentiel, aurait jeté l’éponge. Pas Donald Trump à l’ego démesuré. Il n’est pas un perdant, mais un vainqueur né qui avait d’ailleurs prévenu : « Si les Républicains gagnent, je mériterais tous les compliments. S’ils perdent, ce ne sera pas de ma faute ». La leur, car ils n’ont pas dépensé assez d’argent pour soutenir les candidats, car ils ne l’ont pas assez suivi…
A Mar-a-Lago, devant un public peu nombreux, sa fille Ivanka n’était pas là, il ne s’est guère montré à son avantage, recyclant tous ses anciens discours sur l’immigration, la délinquance ou la ruine du pays causés par Biden alors que lui réussissait tout.
Une seule nouveauté, son slogan Maga qui devient Magaga, Make America Great and Glorious Again. Les internautes en ont rigolé : magaga veut dire grand-mère en finnois, évoque Gog et Magog ou un babillage de bébé. Peut-être qu’il veut vendre de nouvelles casquettes rouges… En Français, on pourrait dire qu’il devient « gaga »…
Pas question qu’il écoute ceux qui se moquent ou le lâchent comme une grande donatrice qui affirme « il doit partir, point ». Comme Fox News et le New York Post qui ont choisi un nouveau poulain, Ron DeSantis, le gouverneur réélu de Floride aussi conservateur mais plus présentable et jeune que Trump, son ancien mentor qui le surnomme aujourd’hui Ron Santimonious, Ron la morale. Pour ces médias, le gouverneur de 44 ans représente le futur.
Si le 45e président s’est déclaré aussi vite, c’est un peu pour cela : prendre de vitesse et défier ses possibles rivaux, DeSantis mais aussi Glenn Yougkin, gouverneur de Virginie – un nom qui « sonne chinois » se moque Trump-, Ted Cruz, sénateur du Texas ou Lindsey Graham, sénateur de Caroline du Sud. Oseront-ils se présenter contre lui, l’affronter ? Il cherchera à les ridiculiser, les humilier…
Donald Trump, pas encore inculpé, risque de l’être dans plusieurs affaires: fraude fiscale, diffamation, falsification électorale, archives de la Maison Blanche et assaut du capitole. Poursuivi, il jouerait les victimes. Il espère que les procureurs vont hésiter… Si la justice peut briser ses ambitions, les donateurs le peuvent aussi. Sans argent, les républicains l’écarteront. Les prochains mois le diront.
Si une certaine détestation de Trump est en train de monter dans une Amérique divisée qui, finalement, a surpris par le nombre de « modérés » qui ont provoqué la défaite des candidats trumpiste, celui qui serait empêché ailleurs compte toujours sur sa base pour revenir à la Maison Blanche. 40% des électeurs républicains lui sont absolument fidèles et 50% sont hésitants. Il ne faut pas oublier qu’avec quelques milliers de voix de plus dans trois États clés, c’est lui qui obtenait la majorité des grands électeurs et gagnait en 2020. Ni que Biden dont la popularité est en berne -39-40%- aura 80 ans dimanche. Peut-il prétendre à une réélection ?
Comme l’on dit familièrement, Donald Trump est touché, mais pas encore coulé.