En décembre dernier, Donald Trump confiait à Fox News Channel qu’il ne serait dictateur que « le premier jour » de son nouveau mandat. Cette semaine, Time Magazine a voulu savoir à quoi ressemblerait une nouvelle présidence du milliardaire embourbé dans les procès mais sûr de lui.
A Mar-a Lago, le journaliste Eric Cortelessa qui n’est pas un de ses fans, l’a très longuement interviewé. Ses réponses ont de quoi inquiéter. If He Wins, s’il gagne il sera un président sans limite même s’il déclare qu’il respectera la Cour suprême. Persuadé, selon Cortelessa, qu’il a été trop « gentil » lors de son premier mandat, il adoptera d’entrée une autre attitude. A la question de savoir s’il comprend que les Américains estiment que ses propos sur la dictature sont contraires « à nos principes les plus chers », il répond : « c’est tout le contraire. Je pense que beaucoup de gens aiment ça. » Une politique de force brutale pour remodeler l’Amérique et ses lois à son image.
Bien sûr, il aidera l’Ukraine où Poutine n’aurait jamais dû entrer et soutiendra Israël même si Netanyahou est critiqué à juste titre, mais l’étranger, il le voit d’abord en fonction de ses propres intérêts qui se confondent, dans son esprit, avec ceux des Etats-Unis. Avoir de bonnes relations avec son Amérique, c’est d’abord passer à la caisse. Un exemple : la Corée du Sud. Il retirerait les soldats américains si ce pays riche ne paie pas davantage pour sa sécurité. Pas de questions de géopolitique, ni de considérations sur les droits de l’homme et surtout de la femme dans ce pays. Seulement des dollars en plus. Pareil en ce qui concerne l’Otan : les alliés doivent payer davantage et acheter armes et équipements américains. Un Trump tiroir-caisse. Pour le remplir, il taxera aussi les importations. Peu importe l’inflation subie par ses concitoyens…
Les immigrés, de la « vermine », il s’en débarrassera dès le premier jour. Plus de 11 millions de personnes à entasser dans des camps. Il permettrait même à l’armée de tirer. Elle n’ a pas le droit de tirer sur des civils. « Ce ne sont pas des civils » rétorque-t-il…
Il n’oubliera pas de se venger. Si la Cour suprême n’accorde pas l’immunité au président, il nommera un procureur spécial pour s’occuper de Biden et le faire condamner « pour tous ses crimes ». Comme il ne sera pas « gentil », il pratiquera le « spoil system » à outrance en s’entourant d’une administration trumpiste. Et il graciera tous les condamnés du 6 janvier.
S’il est battu le 5 novembre, il n’est pas certain de reconnaître le résultat de la présidentielle.
Inquiétant Trump. Son programme, au vu de ses déclarations depuis sa défaite de 2020, était prévisible. Justement, mais l’homme est également totalement imprévisible. Une « présidence impériale » prédit Eric Cortelessa. A priori oui, mais il ne peut changer les institutions, la constitution ni imposer sa volonté à la Cour suprême. Que fera-t-il si le Congrès est dominé par les démocrates ? Comment réagira-t-il si Poutine ou Xi Jinping refusent les accords qu’il voudra imposer ? Que fera-il des migrants qu’aucun pays ne voudra accueillir ? Comment fonctionnerait New York sans ses centaines de milliers de migrants « undocumented » ?
Le prévisible imprévisible peut changer d’avis sans préavis…