Grand artisan de la victoire de Donald Trump grâce à son aide financière, son réseau X, ses tweets façon fake news et sa présence lors des meetings, Elon Musk va recevoir sa récompense : un ministre de « l’efficacité gouvernementale », c’est-à-dire de la dérégulation, de la mise sous tutelle du pouvoir des agences gouvernementales. Elon Musk parle d’économies de 2 000 milliards…
Pourquoi l’homme le plus riche du monde s’est-il engagé auprès du républicain alors que naguère, il préférait les démocrates ? Parce que les deux hommes ont une ambition commune, celle de marquer l’histoire de l’humanité, d’être les précurseurs d’une nouvelle ère.
Ces deux « maîtres du monde » partageaient ainsi ce rêve fou d’aller sur Mars. Être les premiers, une gloire assurée. 45eme président des Etats-Unis, Trump avait créé la Space Force, division spatiale des armées, et lancé le programme Artémis pour retourner sur la lune, puis sur Mars. Mais cela avançait trop lentement. Trop de bureaucratie chez les démocrates, constatait Musk qui se lamentait : « cela détruirait le programme martien et conduirait l’humanité à sa perte ».
Lors de sa soirée électorale du 5 novembre à Mar-a-Lago, l’élu vantait les mérites de son nouvel ami et le retour de sa fusée Starship sur terre : « Qui d’autre pouvait faire ça ? La Russie ? La Chine ? Quelqu’un d’autre aux Etats-Unis ? Non. C’est pour ça que je t’adore Elon. C’est génial ».
Persuadé que l’humanité est en déclin en raison de la baisse du taux de natalité et que l’intelligence artificielle -sauf celle qu’il développe- constitue une menace existentielle car « woke » et nihiliste, il plaide pour l’installation de l’homme sur Mars. Les vols vers la planète rouge ne sont possibles que tous les vingt-six mois et la prochaine fenêtre est en 2026. Musk et Trump enverraient cinq Starship à vide, puis deux ans plus tard des vols habités. A terme, une colonie d’un million de personnes est envisagée. Pas facile car l’homme ne peut pas vivre sur cette planète sans oxygène où la température est comprise de -133°C à +27°C, avec une moyenne de -63°C.
Les équipes du patron de SpaceX se penchent depuis des années sur ce problème : l’une étudie la faisabilité de petits habitats en forme de dôme, un autre la mise au point de scaphandres spécifiques et une troisième la possibilité de faire des enfants. Père de douze enfants avec trois femmes, Elon Musk est prêt à faire don de son sperme pour ensemencer une colonie… En 2013, l’homme d’affaires avait expliqué qu’il pourrait créer sa propre espèce : «Je pense qu’il est tout à fait probable que nous souhaitons créer par bio ingénierie de nouveaux organismes mieux adaptés à la vie sur Mars».
Ces martiens pourraient vivre dans des villes troglodytes creusées grâce aux tunneliers de l’une de ses entreprises, Boring. Ils ont la dimension qu’il faut pour renter dans ses fusées. Et Neuralink, la start-up qui entend révolutionner les capacités humaines grâce à une puce cérébrale, « permettre aux humains de fusionner leur esprit avec les ordinateurs » pourrait aider ces colons.
Le milliardaire envisage aussi de faire exploser des bombes thermonucléaires pour réchauffer la planète en créant des soleils artificiels.
Un détail : outre les difficultés techniques et scientifiques, le vol habité de 2028 ne se poserait qu’après la fin du mandat de Trump ! Selon la vitesse de la fusée, il faudra environ 150 jours pour parcourir les au moins 55 millions de kilomètres qui séparent la terre et mars, en mouvement constant.