« Nous faisons fortune grâce à nos droits de douane, deux milliards de dollars par jour, vous y croyez ? Hier soir, devant le Comité républicain national du Congrès à Washington, Donald Trump triomphait et se moquait de ces pays qui « me lèchent le cul » car «ils meurent d’envie de passer un accord ». Dans un autre discours, le président affirmait que « tout se passe très bien pour nous, on fait ce que j’appelle des accords sur mesure, pas du prêt-à-porter, mais de la haute couture. Le Japon, la Corée du Sud, des pays amis, vont en bénéficier mais pas la Chine, l’ennemi de toujours, le rival à abattre.
« La Chine souhaite également conclure un accord, mais elle ne sait pas comment s’y prendre”, a écrit Donald Trump sur les réseaux sociaux, relayés par la chaîne qatarie. “Nous attendons son appel. Cela va venir ! ». Pas sûr du tout puisque Pékin, décidée à « se battre jusqu’au bout » rend coup pour coup et a annoncé ce mercredi à midi, rajouter 50% de droits de douane, ce qui porte la surtaxe à 84%. La Chine prend aussi des sanctions contre des entreprises américaines et dépose une nouvelle plainte à l’OMC, même si l’organisation est impuissante.
La guerre commerciale, sans précédent, est déclarée et nul ne sait où elle s’arrêtera. Ce qui est sûr, c’est que dans l’immédiat, il n’y aura que des perdants. Par exemple, aux Etats-Unis, le prix d’un IPhone fabriqué en Chine va doubler et même tripler s’il est produit aux Etats-Unis (droits de douane pour composants et coût de la main d’œuvre). En Chine, des entreprises comme Shein devraient licencier et l’on craint des mouvements sociaux…
Sur le fond, les Etats-Unis n’ont pas tort de s’en prendre à la Chine qui subventionne sans compter ses industriels pour exporter dans le monde entier à bas prix et qui produit trop, surtout que les Chinois consomment peu préférant épargner pour pallier une protection sociale défaillante. Pour l’heure, Xi, au lieu de changer de politique, veut chercher de nouveaux marchés, voire inonder l’Europe qui doit, elle aussi, se méfier, réagir.
Donald Trump, qui se réjouit, entend poursuivre sur cette voie du « tout pour l’Amérique ». Il a relancé son message : « c’est le moment idéal pour transférer votre entreprise aux Etats-Unis, n’attendez pas, faites-le maintenant ». S’adresse-t-il aussi à Elon Musk qui fabrique des Tesla dans son usine de Shanghai ? Certains pensent que le divorce est proche entre les deux hommes. La fortune de l’homme le plus riche du monde, évaluée un temps à 48O milliards est repassée sous la barre des 300 milliards depuis l’imposition des nouveaux droits de douane ! C’est peut-être pour cela qu’il traite Peter Navarro, l’architecte de la politique commerciale, de « crétin, plus bête qu’un sac de briques ».
Si ça marche aussi bien qu’il le souhaite et dit, Donald Trump pourrait organiser par la force une dépréciation du dollar afin de stimuler la compétitivité et d’exporter plus. Une autre guerre, un autre risque de déstabilisation mondiale.