Je ne sais pas si c’est la pandémie ou bien la crise économique que les ONG traversent en ce moment mais j’en suis venue à me demander comment être utile aux autres. M’investir comme bénévole pour une cause, oui avec grand plaisir, mais encore faut-il trouver le temps.
La solution immédiate qui se présentait à mon mal d’utilité était le don d’organes post mortem, un moyen qui sonnait comme une évidence pour une fin vertueuse et peut être une fin reporté pour celui ou celle qui en bénéficierait.
Or j’avais déjà à mon compte vingt-cinq printemps ( Je suis née en 1992, par souci de coquetterie je vous laisse faire le calcul) et rien, nothing, niete , WALLOU… on ne me l’avait jamais proposé. . Ni par un médecin, ni lors de mes innombrables visite en centre hospitaliers ni à l’occasion de ma démarche administrative pour acquérir ma carte d’identité. Y avait comme un malaise quelque part.
Pressentant les choses venir je décidais d’en vérifier la légalité : ça l’était et ce depuis 1991, et il y avait même une « fatwa » qui encourageait la démarche. C’est alors après avoir longuement applaudi et que je pris mon courage à deux mains et m’engagea à enclencher la démarche dans ce lieu dont on ne revient jamais entier (on y laisse au moins son sang froid), vous l’aurez compris, le commissariat.
Le commissariat, ce lieu de culte pour délinquants en uniformes, fonctionnaires ventripotents et antipathiques, était la clef de mon salut. Je présentais donc ma requête et demandais des renseignements sur la procédure à suivre. Après m’avoir dévisagé un bon moment, le policier en question me répondit que je devais refaire ma carte d’identité, et que cette procédure n’était pas faisable ici, déterminée j’en demandais la raison, grossière erreur… j’eus pour explication qu’il ne le faisait pas ici un point c’est tout et que de toutes les façons il ne comprenait pas ma volonté d’intenter à un corps prêté par le divin.
Déçue (mais pas découragée) j’avais décidée de ne pas répondre à ses convictions, après tout ce n’était pas la première fois que la société s’opposait par conservatisme à ce que la loi considérait comme un droit : le mariage avec un non musulman, la loi sur l’héritage, j’ajouterai même l’adoption. Cependant je trouvais aberrant c’est que cette société porte atteinte à ma liberté et ce par la main même de celui censé être le garant du respect de la loi, de mes droits et devoirs privant des vies d’être sauvés.
Finalement ne sommes-nous pas quelques fois notre propre frein ?
*Je reste déterminée à obtenir ma carte de donneur et vous y encourage.