« Celui qui sème les épines récolte les blessures »
Abou el Kacem Chebbi
Il y a incontestablement une politique de la haine dans notre pays. La haine est savamment cultivée par la classe politique.Elle est utilisée comme un thème vendeur par les médias.Elle est déversée par les citoyens à travers les réseaux sociaux à longueur de journée.La violence suinte partout.Elle domine l’opinion.Son acide ronge les institutions de la République, menace le projet démocratique et sape toute volonté d’aller de l’avant.Pire:elle nourrit les rancœurs et mène droit à la violence.
Mais d’où vient donc cette haine puisque on est censé vivre en démocratie , et que la liberté d’expression est garantie par la loi, et que l’on peut, librement, défendre ses idées?
L’origine serait-elle, justement, la démocratie? Ou plutôt une démocratie encore récente, frêle et n’ayant pas pas encore pris racine? C’est en tous les cas ce que pensent certains , expliquant au passage que la culture démocratique et son concomitante acceptation de l’autre dans sa différence, nécessite du temps et de la patience.On ne naît, pas démocrate, on le devient.Et pour y arriver, il faut une éducation adéquate et de la volonté.Pour d’autres, cette culture de la haine et voulue par une grande majorité des dirigeant politiques qui cherchent à compenser une absence de vision et une indigence intellectuelle et morale.
Pour entretenir et développer cette haine, ces dirigeants politiques, sans vergogne, utilisent la colère populaire.C’est une colère certes compréhensible,voire légitime, au regard de la forte dégradation de la situation économique et sociale du pays, de la paupérisation des ménages, de l’explosion du nombre des chômeurs…À cela s’ajoute la peur et la crispation que provoque l’inattendue pandémie Covid-19.Cependant, la colère ne peut peut pas constituer un programme politique, ni, encore moins légitimer la haine.On ne peut sous aucun prétexte justifier la haine, génératrice de conflits, de confrontations et de discordes.
On le constate chaque jour, ce peuple en colère et sans espoir est poussé par ses soi-disant élites à protester sans arrêt et à demander toujours plus à un État qui n’a jamais connu autant de difficultés.Plus grave encore:on voit comme une habitude des conflits qui s’installe, une sorte d’addiction une addiction aux querelles et aux désaccords sans laquelle ni élites,ni, partis politiques, ni médias ne peuvent vivre ou même survivre.En fait, plus on est politiquement brutal, mieux on existe.Et cela en contradiction criante avec les règles de la démocratie et celles, plus élémentaires, des civilités qu’exige un pays ayant fait une révolution exemplaire.
Comment dépasser cette haine? Comment transcender les divisions?Comment briser le cercle vicieux de la détestation et de violence?La réponse semble aujourd’hui toute trouvée:il faut engager le dialogue, en attendant de réaliser la réconciliation nationale qui a trop tardé.Et le plus vite sera le mieux.