Aujourd’hui et demain vendredi, les 27 de l’UE, qui, pour la plupart, se sont droitisés, se penchent sur un problème très sensible, l’immigration illégale. Ils envisageront une mise en œuvre accélérée du pacte asile et immigration adopté au printemps et surtout chercheront des « solutions innovantes », comme l’a demandé Ursula von der Leyen, pour durcir la politique migratoire et « rationaliser efficacement le processus de retour » des déboutés du droit d’asile, des clandestins.
En clair : comment renvoyer chez eux les personnes dont l’Europe ne veut pas ? Mercredi, 16 migrants « non vulnérables » – critères non précisés-, bangladais et égyptiens, interceptés par la marine italienne dans les eaux internationales, sont arrivés en Albanie et ont été internés dans des camps construits à cet effet par l’Italie. A terme, plusieurs centaines d’hommes pourront passer chaque année par ces centres qui jouissent d’une extraterritorialité totale . Rome versera 160 millions d’euros par an à Tirana.
Les demandes d’asile seront étudiées en 28 jours et ceux qui ne sont pas acceptés seront renvoyés en Italie d’où ils devront être expulsés. La question principale pour les Européens se reposera donc : comment renvoyer les indésirables chez eux ? Au niveau des 27, moins de 20% des retours décidés ont été effectifs. Pour augmenter ce pourcentage, la présidente de la Commission propose de jouer sur l’octroi de visas pour les ressortissants des pays récalcitrants et de passer des accords financiers avec les pays d’où partent les migrants.
En juillet 2023, un tel accord a été passé avec la Tunisie : 105 millions d’euros pour freiner les départs de ce pays. Les arrivées en Italie ont été nettement diminuées (moins 63%) mais les migrants ont choisi une autre route vers l’Espagne ( plus 155%) où le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, loue les bienfaits de l’immigration. Cette solution de « payer » un Etat tiers n’est pas forcément efficace d’autant que, selon une enquête du Guardian, les violations de droits de l’homme à l’encontre des migrants sont nombreuses en Tunisie avec la complicité de l’Europe. L’UE réfute avoir financé les responsables des exactions, mais annonce une prochaine mission de surveillance indépendante en Tunisie.Tout cela n’empêche pas Giorgia Meloni de se présenter en modèle à Bruxelles : l’accord avec l’Albanie « est une voie nouvelle, courageuse, sans précédent qui a tous les atouts pour être suivie par d’autres pays non-membres de l’UE ». D’autres pays des Balkans, candidats à l’adhésion, pourraient accueillir des « centres de tri », « hubs de retour», ce que les pays d’Afrique du Nord refusent.
Aucune décision concrète n’est attendue. Si accord il y a , ce sera, dit-on à Bruxelles, lors du sommet de décembre.