La meilleure arme de l’Ukraine est la parole de son président qui ne cesse de culpabiliser l’Occident, lui réclamer des armes et de faire pression sur la Russie pour qu’elle accepte de véritables négociations. Il y en a, mais, pour l’instant, pas de nature à mener à la paix.
Cet après-midi, Vladimir Poutine a réuni son conseil de sécurité pour en discuter et il a répété la version russe à savoir que l’Ukraine tergiverse et freine. Parce que les Etats-Unis « tiennent par la main » les Ukrainiens et entravent les pourparlers, a affirmé hier Sergueï Lavrov. Car pour le ministre russe des Affaires étrangères, connu pour sa brutalité, les Américains n’ont qu’un but : « dominer » l’ordre mondial. Ce même jour, Volodymyr Zelensky reconnaissait que les négociations sont difficiles, parfois conflictuelles et « honteuses », mais que « petit à petit, nous avançons ». Vers quoi ? Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, déclare que « pour l’instant, rendre publics les sujets de discussion ne peut que gêner le processus de négociations qui se déroule déjà de manière lente ».
Selon le porte-parole de la présidence turque -Erdogan se pose en médiateur-, la partie russe insiste sur six points : la neutralité de l’Ukraine, le désarmement et les garanties de sécurité, la « dénazification », le retrait des obstacles à l’utilisation de la langue russe en Ukraine, le statut de la région séparatiste du Donbass et le statut de la Crimée annexée par la Russie en 2014. Il semblerait que Moscou n’exige plus le départ du président Zelinsky et parle moins de « dénazification ». Côté ukrainien, l’adhésion à l’Otan est abandonnée, la neutralité envisagée et Volodymyr Zelinsky est prêt à accepter des compromis sur le Donbass et la Crimée. Cependant, il est ferme sur les garanties de sécurité légalement vérifiables, un cessez-le-feu et le retrait des troupes russes. Et il veut négocier directement avec Vladimir Poutine après la cessation des combats.
Le maître du Kremlin ne saurait accepter au moment où son armée recule sur plusieurs fronts et que la résistance ukrainienne monte en puissance et montera encore si les moyens réclamés aux Occidentaux arrivent. Poutine ne négociera qu’en position de force, c’est une constante de sa Russie, que lorsqu’il aura atteint ses objectifs. Ils auraient, peut-être, été revus à la baisse, en raison des difficultés rencontrées, c’est-à-dire que Moscou pourrait se contenter de faire passer sous contrôle russe les territoires du Donbass à Odessa. Mais il lui faut pour négocier vraiment ce qu’il appellera une « victoire « . Autres hypothèses peu plausibles : qu’il plie sous le poids du mécontentement populaire ou sous celui des sanctions. Mais son comportement laisse plutôt craindre que la pression occidentale lui fasse choisir l’escalade pouvant aller jusqu’à l’emploi d’armes chimiques, biologiques et même nucléaires pré-stratégiques.« Toutes ces roquettes qui volent dans le ciel, qui tombent, je ne peux plus. Je suis dans un état difficile, je commence à souffrir, je suis très stressée », disait hier à Kyiv Tatiana, une retraitée, à un journaliste occidental. Les bombes de Poutine pour faire peur et fuir…