Depuis plusieurs semaines, Donald Trump bloque l’aide américaine à l’Ukraine, fait douter de la pérennité de l’Otan et de son attitude face à Poutine s’il est réélu en novembre. Des pays européens affirment redouter une guerre directe avec la Russie d’ici 5 à 8 ans et les Allemands insistent : il faut s’y préparer, développer une industrie européenne de l’armement. A Paris, Emmanuel Macron ne cesse de plaider pour une Europe de la défense. Sans être vraiment entendu. Sur le terrain, les Russes ont pris l’avantage sur les Ukrainiens qui manquent cruellement de matériel et de munitions. Dans ces circonstances, Volodymyr Zelensky implore ses alliés : notre victoire, ou notre défaite, dépend de vous.
A l’unisson -ou presque car le Hongrois Orban et le Slovaque Fico sont proches de Poutine-, ces alliés jurent que la Russie ne doit pas gagner car, en cas de victoire, elle ne s’arrêterait pas. On évoque déjà une invasion de l’Estonie, de la Transnistrie… Alors que faire pour éviter cela ?
Interrogé lundi soir à Paris à l’issue d’une conférence de soutien à Kiev, le président français Emmanuel Macron a brisé un tabou : « Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique rien ne doit être exclu ». Et il a rappelé que depuis deux ans, tous les interdits avaient été levés peu à peu : blindés, missiles, systèmes anti aériens, avions… Pourquoi pas, s’il le faut, pour assurer la défense de l’Europe envoyer des hommes ? Pas forcément des combattants directs, mais des instructeurs et pas dans un cadre aussi défini que l’Otan. Bien sûr, Moscou a protesté…
Des Indiens occupent des « emplois de soutien » aux côtés des Russes, des Cubains et des Népalais aussi. Des étrangers se battent aussi avec les Ukrainiens. Tous peuvent recevoir la nationalité russe ou ukrainienne.
Aussitôt, Londres, Berlin, Madrid, Rome, Varsovie, Prague, Stockholm et d’autres capitales ont dit non : pas un seul soldat de l’Otan sur le sol ukrainien. La Grande Bretagne a quand même précisé qu’elle avait déjà des hommes sur le terrain.
En évoquant l’envoi de troupes au sol, le Français voulait avant tout provoquer un « sursaut », mettre les uns et les autres devant leurs responsabilités et leurs contradictions. Insister également sur le besoin d’unité active de l’Europe face à un Poutine dont le but est de redessiner à son profit la carte de cette Europe. En même temps, Macron délivrait un message dissuasif à la Russie : attention, nous nous sommes réveillés, nous refusons toute déstabilisation…
Un petit coup aussi porté à l’Allemagne qui juge l’aide française trop faible mais qui, il y a deux ans, ne voulait envoyer à Kiev que des casques et des gilets pare-balles.
Rien de concret, mais un avertissement : il faut franchir un nouveau palier dans l’aide à l’Ukraine, aller plus vite et plus fort. La question est posée aux Européens : peut-on affirmer que « notre sécurité se joue sur le champ de bataille en Ukraine » et tergiverser. Hier encore, l’Allemand Olaf Scholz a opposé son refus à la livraison de missiles Taurus à Kiev pour ne pas risquer de provoquer Moscou.