L’attente… Quand Poutine va-t-il répondre à la proposition américaine, approuvée par l’Ukraine, d’un cessez-le-feu immédiat de trente jours ? A Moscou où la presse ne se prononce pas, on cherche à gagner du temps. Interrogé, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répondu que « nous avons des contacts prévus dans les jours à venir avec les Américains, et nous comptons là-dessus pour obtenir une information complète ». Mardi, après l’accord de Djeddah, Donald Trump avait dit qu’il « allait parler à Vladimir Poutine », sans doute cette semaine. Et, selon Bloomberg, son émissaire Steve Witkoff pourrait arriver à Moscou ce jeudi.
La Russie répète qu’elle est prête à la paix, mais à ses conditions. Le 20 janvier, Vladimir Poutine a défini la position russe : « Nous voulons la résolution des causes profondes du conflit, pas une brève trêve ». Ses exigences, rappelons-le, sont notamment la reconnaissance de l’annexion des territoires conquis, la démilitarisation de l’Ukraine, sa non adhésion à l’Otan et le départ de Zelensky. Si la presse russe était muette ce matin, les blogueurs de guerre les plus radicaux rejetaient totalement la proposition de trêve. Dans les rues de Kiev ou d’Odessa bombardée la nuit précédente, peu nombreux étaient ceux qui croyaient que « la Russie allait arrêter de tirer ».
Vladimir Poutine doit être tiraillé entre deux positions contraires. Il doit continuer la guerre car il n’a pas atteint ses objectifs. Ses troupes avancent, même très lentement et au prix de lourdes pertes, dans le Donbass et il lui faut chasser les Ukrainiens des quelques kilomètres carrés qu’ils occupent encore dans la région de Koursk. Son industrie de guerre tourne à fond, il peut frapper longtemps.
D’un autre côté, il sait que son économie ne se porte pas aussi bien qu’il le prétend. Elle s’est montré plus résiliente que prévue mais, une source anonyme proche des milieux d’affaires indique que « depuis des mois, les milieux économiques, industriels en particulier, envoient des signaux au Kremlin : on tient, mais cela ne durera pas. Au plus vite, il faut cesser la guerre ». Et il y a l’espoir de reprise profitable des échanges avec les Etats-Unis.
Si « la balle est dans le camp de Moscou », l’avenir immédiat de l’Ukraine dépend des conversations que vont avoir Trump et Poutine. Quelles concessions l’Américain va-t-il faire au Russe, comment vont-ils s’arranger pour apparaître chacun comme vainqueur ?
Sans compter les questions pratiques : comment observer et garantir un cessez-le-feu sur une ligne de front de 1 000 kilomètres ? Qui le fera ? Des forces européennes, internationales ?
Si l’accord de Djeddah peut être considéré comme un succès de Kiev à l’origine de la proposition de trêve, élargie par Washington, Volodymyr Zelensky appréhende les compromis qui seront passés avec Poutine. L’attente…