En enfilant un treillis mercredi à Koursk, en donnant ses ordres pour chasser les soldat ukrainiens, Vladimir Poutine répondait par avance à la proposition américaine de cessez-le-feu : la guerre continue, nous gagnons du terrain. Et son « oui, mais » est un « non » déguisé. Contrairement à Trump pour qui la trêve doit précéder les négociations, Poutine entend régler d’abord les questions de fond. Il renvoie donc la balle dans les pieds du président américain, qui veut des résultats rapides, en lui précisant qu’il est en position de force, qu’il a le temps. L’émissaire de Washington, Steve Witkoff, a quitté Moscou avec la longue liste des exigences russes. Quand Donald Trump sera mis au courant, « nous déterminerons le timing pour une conversation » entre les dirigeants russes et américains, a indiqué le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Sans les Européens, sans Zelensky… Très vite, un premier échange a eu lieu que Trump a qualifié de « très bon » et « productif » ajoutant qu ‘il y a une forte probabilité pour que cette guerre horrible et sanglante se termine enfin ». Ce qui ne veut pas dire grand-chose…
Le 12 février, après son entretien téléphonique avec l’autocrate moscovite, Trump se montrait confiant : « Nous avons convenu de travailler ensemble, très étroitement, y compris en visitant nos nations respectives. ». Ont-ils vraiment avancé ? Pas sûr. Si des spécialistes de la Russie estiment qu’un deal a déjà été conclu et que les deux hommes se livrent aujourd’hui à un spectacle qu’ils font durer, d’autres s’interrogent et rappellent que Trump n’est pas homme à supporter une humiliation. Jusqu’où ira-t-il pour obtenir cette trêve, cette paix qui pourrait lui valoir le Nobel de la paix dont il rêve ? En suspendant la fourniture de renseignements à l’armée de Kiev, il a donné l’avantage sur le terrain à Moscou et cassé la principale carte de Zelensky. Il apparaît également certain que les territoires occupés seront gardés par la Russie et que l’Ukraine ne rejoindra pas l’Otan. Mais quid de la démilitarisation, des garanties ?
Donald Trump a menacé la Russie de sanctions « dévastatrices » si le pays n’acceptait pas le deal qu’il mettra sur la table des négociations : « sur le plan financier, je peux faire des choses qui seraient très mauvaises pour la Russie. Je ne veux pas faire ça parce que je veux la paix. » Il affirme savoir des choses que personne d’autres ne sait…
Il ne faut pas oublier que pour l’Amérique, et pas seulement depuis cette année, l’endiguement de la montée des ambitions de la Chine constitue la première préoccupation. La menace de demain vient de Pékin et pas de Moscou. En dealant avec Poutine, en renouant des partenariats économiques, Washington espère détacher les deux alliés qui travaillent à instaurer un nouvel ordre mondial. « La tentative des États-Unis de semer la discorde entre la Chine et la Russie est vouée à l’échec. » rétorque Pékin.
Dans ce contexte, l’Ukraine compte peu…