Contre-offensive, centrale de Zaporijia, Prigojine, Wagner, Poutine… Chaque jour apporte son lot d’informations, mais aucune ne peut être prise pour argent comptant. La guerre qui tue tous les jours des civils se livre aussi au plan informationnel. On croit savoir, mais, en réalité, on ne sait pas grand-chose, on interprète.
Où est Prigojine ? On le disait en Biélorussie, réfugié sous la garde de Loukachenko. Il aurait rencontré Poutine à Moscou et un deal aurait été conclu. Lequel ? Nul ne le sait, mais l’argent – l’équivalent de plus de 100 millions d’euros – saisi dans ses bureaux et sa demeure de Saint-Pétersbourg lui a été rendu. Il aurait perdu le contrôle de toutes ses entreprises, mais il est en liberté car il en sait trop après plus de 20 ans de proximité avec le maître du Kremlin. Cependant, nul ne serait surpris si l’on découvrait Prigojine « suicidé » ou une balle dans la tête. Cela collerait avec le narratif qui prévaut depuis sa révolte : il n’est qu’un traître, un corrompu intéressé seulement par l’argent…
Et Poutine ? On s’éloigne du dirigeant froid que personne n’approchait : il prend un bain de foule au Daghestan et embrasse une petite fille qu’il reçoit au Kremlin. Il faut montrer qu’il est populaire et fort et non pas ce président affaibli vu par l’Occident. Mais l’ami chinois n’est pas dupe et lui aurait posé des limites, notamment une interdiction de frappe nucléaire.
Chaque camp mobilise hommes et réseaux pour discréditer l’autre. La centrale de Zaporijia illustre bien cette guerre communicationnelle. Certes, l’inquiétude est bien présente, mais les spécialistes ne craignent pas une catastrophe nucléaire car les réacteurs sont arrêtés et bien protégés. Les explosifs qui seraient placés sur les toits ne causeraient pas de graves dégâts.
La contre-offensive ukrainienne n’est pas à la hauteur de ce que les alliés occidentaux attendaient. Elle n’est pas vraiment lancée car la faille n’a pas été trouvée dans la défense russe, aucune brèche suffisante n’a été ouverte. Pourquoi ? Erreur de commandement, résistance d’une armée russe que l’on voulait voir désemparée. Peut-être les deux, mais aussi un manque de puissance de feu des Ukrainiens qui les empêche de prendre l’avantage. Kiev n’enverra le gros de ses forces que si la victoire paraît certaine. La contre-offensive est un « one shot ».
La guerre, c’est aussi une bataille de désinformation, d’influence. Zelensky le sait et se montre hyperactif. D’ailleurs, Kiev qualifie les opérations russes de « terrorisme informationnel ».