Elle devait être le fleuron de l’armée ukrainienne, un « modèle ». 2300 des 4500 hommes qui composaient la 155e brigade mécanisée des forces armées ukrainienne, avaient été entrainés à l’automne en France. Mais aujourd’hui, cette brigade surnommée « Anne de Kiev » est qualifiée par la députée Mariana Bezougla de « brigade zombie » formée à des fins de « publicité ». Un journaliste renommé, Iouri Boutoussov, révèle que 1700 de ses soldats ont déserté. Tous ne sont pas passés par le camp français de Mourmelon, mais 50 auraient déjà déserté durant la formation. Une enquête a été ouverte le 2 janvier sur des faits liés à l’abus de pouvoir et à la désertion.
Que s’est-il passé ? Le journaliste parle d’ un « chaos organisationnel complet », Le commandement militaire aurait envoyé les soldats d’Anne de Kiev dans d’autres unités pour y « colmater les trous » en matière d’effectifs. Ou à Pokrovsk, l’un des secteurs les plus chauds du front Est. Son commandant avait été démis de ses fonctions quelques jours près le retour en Ukraine, ainsi que plusieurs de ses subalternes. De plus, la brigade n’a pas été équipée en drones ni en équipement de brouillage électronique, des outils devenus essentiels pour les unités militaires dans cette guerre. « À cause de cette attitude criminelle envers la vie des soldats, la 155ᵉ brigade a subi des pertes importantes dès les premiers jours » affirme le journaliste.
La France avait donné à la brigade 128 véhicules de transport de troupes VAB, 18 chars AMX-10, 18 canons automoteurs Caesar ainsi que des camions, des blindés d’évacuation sanitaire, des postes de tirs de missiles antiaériens Mistral et antichars Milan.
Les désertions ne sont pas un phénomène rare au sein de l’armée ukrainienne. En 2024, Kiev a ouvert 60 000 dossiers, soit deux fois plus qu’au cours des deux années de guerre précédentes. Le chiffre réel de désertions serait bien plus élevé.
Les soldats ukrainiens encourent jusqu’à 12 ans de prison pour désertion, jusqu’à dix ans pour désobéissance ou refus de combattre et jusqu’à sept ans pour menace envers un supérieur. Mais face à la menace de peines d’emprisonnement, certains préfèrent la guerre. En novembre, ils étaient 8000 à être retournés sur le front après avoir déserté.
Pourquoi ces désertions ? Auprès d’une télévision française, Oleski Siver, commandant dans l’armée ukrainienne, explique : « Certains pensent que ça va se passer comme dans un film: ‘Tout va bien se passer, je vais tirer, je vais courir’. Mais c’est différent. Vous restez assis dans une tranchée pendant des semaines. Certains d’entre eux s’enfoncent jusqu’aux genoux dans un marécage. Ils ont froid, ils ont faim parce qu’il n’est pas facile d’obtenir de la nourriture là-dedans. » Les soldats russes désertent aussi. Le nombre exact est inconnu, mais il serait estimé à un minimum de 25 000.