Ce matin encore, on entrevoyait un léger frémissement annonciateur de négociations de paix. On parlait de contact entre Washington et Moscou, d’accord entre la Russie et l’Ukraine qui avait permis le retrait russe de Kherson et l’entrée des Ukrainiens. Sans bataille meurtrière.
Deux fois en deux jours, Volodymyr Zelensky affirmait que son pays était prêt à la paix et qu’il fallait en finir avec une guerre « destructrice ». On se demandait à qui il s’adressait. A Poutine avec qui il disait ne plus vouloir aucun rapport ? A son successeur ? A ses alliés américain et européens qui le poussent à plus de souplesse car leur aide ne peut être infinie?
Ce matin, dans son intervention au G20, il appelait à la paix et énonçait ses dix conditions jugées « irréalistes » par Serguei Lavrov qu’il ignorait en précisant bien qu’il parlait au « G19 ». Poutine déjà « enterré ? ».
Quelques heures plus tard, la donne changeait et les missiles s’abattaient sur toute l’Ukraine, plongeant la capitale et d’autres villes dans le noir. Une réaction à la défaite de Kherson comme il y en a eu après l’attaque du pont de Crimée. Une frappe massive pour prévenir le G20 que l’absence de Poutine ne signifiait pas son déclin ni celui de la Russie ? Déjà, le 27 juin dernier, Moscou avait frappé durant le G7 en Allemagne et tué plus de 20 personnes dans le centre commercial de Krementchouk.
Toujours aussi difficile de prévoir, d’analyser. On se perd en conjectures, mais, malgré tout, il est certain que Poutine est affaibli. Cependant, on ne sait combien de temps, il peut tenir ni ce qu’il ferait pour retarder l’échéance.
Ce soir, Volodymyr Zelensky a demandé au G20 une réaction de principe. Que va faire la Chine ? Xi Jinping souhaite la paix sans, pour l’instant, lâcher son allié. Mais, confronté à des difficultés économiques, il entend surtout préserver le commerce mondial et donc les relations, au moins pour un temps, avec les Etats-Unis. Accord conclu à Bali avec Joe Biden. Pour ces raisons de politique intérieure, Xi pourrait peser davantage pour aller vers la paix. Sans « punir » la Russie. Pas évident. L’hiver peut « geler » le conflit et laisser du temps à la réflexion, à une diplomatie mondiale.
Répétons-le : rien n’est définitivement écrit.