« La réunion avec l’équipe américaine a commencé de façon très constructive. Nous travaillons à l’instauration d’une paix juste et durable » en Ukraine, a déclaré à Djeddah le négociateur ukrainien et chef de l’administration présidentielle, Andriy Yermak. Avant l’ouverture des négociations avec les envoyés américains, le ministère de la défense russe avait annoncé ce mardi matin que 337 drones ukrainiens avaient été interceptés, dont 91 dans la région de Moscou. Pour montrer que l’Ukraine n’était pas vaincue et pour, assure Kiev, inciter la Russie à accepter une trêve aérienne et maritime.
Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a jugé prometteuse l’idée d’un cessez-le-feu partiel : « Je ne dis pas que cela seul sera suffisant, mais c’est le genre de concession nécessaire afin de mettre fin au conflit » a-t-il déclaré en ajoutant toutefois qu’ « on ne va pas obtenir de cessez-le-feu et de fin à cette guerre si les deux parties ne font pas de concessions ». Pour les Américains, l’armée ukrainienne ne pourra jamais reprendre les territoires perdus et leur perte doit donc être actée même si c’est contraire au droit international.
« Nous sommes prêts à tout faire pour parvenir à la paix », affirme Andriy Yermak. Oui, mais jusqu’où. Sur le terrain, les Ukrainiens sont toujours en difficulté, notamment dans la région russe conquise autour de Koursk. Moscou veut reprendre cette seule « monnaie d’échange » de Kiev. D’ailleurs, le diffuseur public japonais NHK a dit ce midi avoir appris par le biais de sources diplomatiques russes que Moscou exigerait le retrait des forces ukrainiennes de la région de Koursk dans l’ouest du pays comme condition à la tenue de négociations au sommet avec les États-Unis.
Les conditions posées par Poutine pour parler de paix sont draconiennes, voire inacceptables : annexion des territoires occupées, démilitarisation de l’Ukraine, levée des sanctions et départ de Zelensky. Trump, qui a épousé les thèses du Kremlin, a-t-il ordonné à sa délégation de « tordre le bras » ukrainien ? Dans les rues de Kiev, on affiche sa déception face au lâchage américain, mais on est conscient de la nécessité de maintenir le lien avec les Etats-Unis.
Alors à Djeddah s’agissait-il ce lundi de définir « un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial », comme le disait Steve Witkoff, ou d’obtenir la reddition de l’Ukraine ?
L’Europe se réunit, elle aussi, pour discuter de l’avenir de l’Ukraine. A Paris, en fin d’après-midi et à huis clos, une trentaine de pays -, pour la plupart au niveau de leur chef d’état-major, ont évoqué l’aide militaire et l’envoi possible d’une force européenne destinée à garantir un cessez-le-feu. Samedi, c’est le Premier ministre britannique qui recevra à Londres une vingtaine de pays prêts à contribuer à une « coalition de volontaires » .
Exclues par Washington et Moscou, les Européens cherchent à rentrer dans le jeu diplomatique.