Le Kremlin avait prévenu qu’il n’y aurait pas de trêve pour Noël ni pour le premier janvier. Et les missiles et drones frappent toujours les villes ukrainiennes. Si des dizaines de soldats meurent chaque jour, surtout du côté de Bakhmout où les combats sont figés, Vladimir Poutine mène sa guerre contre les civils avec un but bien précis : leur faire peur, les terroriser afin que l’Ukraine capitule. Peine perdue, répètent chaque jour les habitants forcés de descendre dans les abris souterrains.
Faute de succès militaires, le Russe détruit, tue hommes, femmes et enfants qui n’ont jamais menacé son pays malgré tout ce qu’il affirme. Il les plongent volontairement dans le froid et le noir. « Ils rêvent que les Ukrainiens célèbrent le Nouvel An dans l’obscurité et le froid. Mais ils ne peuvent pas vaincre le peuple ukrainien », riposte le ministre ukrainien de la Défense.
Dix mois déjà d’une guerre qui ne devait durer que quelques jours. Dix mois et toujours pas de fin en vue. Le Kremlin se dit prêt à arrêter la guerre mais seulement si l’Ukraine accepte toutes ses conditions et revendications, c’est-à-dire une reddition totale. Kiev parle aussi de paix si les Russes se retirent de tous les territoires occupés, y compris la Crimée « conquise » en 2014. Autant dire que les armes ne vont pas se taire de sitôt.
Tout le monde semble d’accord sur un point : le président russe, enfermé dans son monde, n’admettra jamais une défaite qui, pour des militaires, paraît possible. En réalité, en dépit de tout ce qui se dit et s’écrit, nul ne sait ce qui se passe exactement au Kremlin et dans la tête de Poutine. Il serait entouré de « modérés » comme la patronne de la Banque de Russie ou les dirigeants du pétrolier Rosneft, et de « jusqu’au boutistes » tels Prigogine, l’homme de Wagner, Kadyrov, le sanguinaire Tchétchène ou encore Bortnikov, le directeur du FSB. Mais il n’écouterait personne…
Il vient de promettre à son armée qu’elle disposerait de ressources illimitées, que la Russie a les moyens de ses ambitions. Exact ? Les Occidentaux en doutent : manque de matériels, de missiles, de munitions… Sur le terrain, les Wagner, en concertation avec l’armée de Sourovikine, s’opposeraient au ministre de la Défense Choïgou et à sa milice « patriote ». De la « friture » au sommet ? Oui selon certains, non selon d’autres car tous, modérés ou va-t’en guerre, dépendent de Poutine, sont liés à son sort.
Les sanctions sont efficaces et l’économie chute, mais la Russie a toujours de gros moyens grâce à ses exportations en Chine, Inde et Turquie en nette augmentation. Et elle peut acheter des semi-conducteurs à Hong Kong, en Estonie et en Turquie. Si la Russie s’affaiblit, le temps est encore de son côté. Le général Valeri Zaloujny, chef des forces ukrainiennes et Kyrylo Budanov, chef des services de renseignements estiment que la mobilisation russe marche bien et que « si on ne peut pas les vaincre, eux non plus ». Une impasse, une pause ? Pour souffler, se réorganiser
Autre question cruciale : les Etats-Unis, l’Otan, les Européens engagés à soutenir l’Ukraine dans la durée, jusqu’à la victoire, relâcheront-ils leurs efforts sous la pression d’une opinion publique soucieuse des paix et lassée par une inflation et des difficultés imputées -souvent à tort- à la guerre en Ukraine ? Sans armes nouvelles, l’Ukraine ne peut tenir longtemps.
La Chine, qui n’apprécie guère cette guerre, aura aussi son mot à dire…