Il y a dix-sept mois, la Chine présentait un plan de paix en douze points plein de bonnes intentions, mais pratiquement impossible à mettre en œuvre tant Pékin qui n’a jamais condamné l’invasion russe, insistait en parallèle sur son « amitié sans limites » avec Moscou. Le plan restait donc lettre morte.
Alors, pourquoi aujourd’hui, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, discute de paix avec son homologue chinois Wang Yi ? Pour plusieurs raisons.
Sur le front, les Ukrainiens souffrent et, faute d’hommes et d’équipements suffisants, ne peuvent envisager une grande contre-offensive dans les prochains mois. Les Russes grignotent du terrain mais ne réussissent aucune percée significative. La guerre, qui dure, est coûteuse en vies humaines et en argent…
La Chine veut se présenter comme une puissance de paix, de médiation dans le monde entier au contraire d’un Occident qui ne voudrait que conquérir et dominer. Elle vient d’arracher un accord aux factions palestiniennes, même si aucun de leurs différends n’est réglé au fond. Une image de pacificateur que Pékin veut conserver et faire grandir. Discuter avec Kiev fait partie de cette stratégie.
L’Ukraine, à cent jours de la présidentielle américaine, s’inquiète d’un possible retour de Trump à la Maison Blanche. Le Républicain a promis de « mettre fin à la guerre », ce qui pourrait signifier un lâchage. JD Vance, son colistier, est encore plus direct : l’Ukraine ne fait pas partie des intérêts vitaux des Etats-Unis et le retour aux frontières de 1991 est un objectif « fantaisiste », il faut que Kiev fasse des concessions territoriales.
Même si Zelensky souhaite que Moscou participe à des nouvelles négociations, Kiev est sans illusion sur la volonté de Poutine de s’engager vers une « paix juste ». Kouleba a répété ce mercredi qu’il ne pensait pas que la Russie soit « actuellement disposée à négocier de bonne foi ». Mais il sait que seule la Chine peut peser sur la Russie, amener Poutine à assouplir ses positions. Les deux alliés sont unis et fermes dans leur détestation de l’Occident, mais Xi Jinping doit tenir compte de ses liens commerciaux, économiques avec cet Occident. Il en va de l’avenir de son pays à la recherche d’une nouvelle croissance.
Cette recherche d’un plan de paix, qui ne signifie pas que l’arrêt de la guerre est pour demain, peut marquer une étape, éloigner les risques de débordements mentionnés par Pékin qui rappelle, à juste titre, que « la résolution de tous les conflits doit passer par la table des négociations ».