L’Ukrainien espérait depuis longtemps, mais le Chinois ne daignait pas le prendre au téléphone. Xi a enfin décroché et le dialogue a été « constructif » reconnaît Zelensky. Les Etats-Unis et la France, notamment, se félicitent de ce qui pourrait être un premier pas vers la fin des combats. Certes, la Chine est la seule à pouvoir faire pression sur la Russie, mais est-elle vraiment intéressée à la fin de la guerre ? Pas certain. Pékin et Moscou sont de plus en plus unis dans leur lutte contre les Etats-Unis pour créer un ordre mondial alternatif, mettre fin à la domination américaine. Xi Jinping se satisfait pleinement d’une Russie en difficulté qui lui cède de l’énergie à prix bradé. Une Russie triomphante et forte ne l’arrangerait pas vraiment. Pareil si elle était battue ce qui pourrait entraîner des changements politiques importants et non souhaités.
Pékin sait que la contre-offensive ukrainienne, qui serait lancée en mai, est possiblement capable d’infliger de lourdes défaites aux forces russes, à Poutine qui serait menacé dans son pouvoir. C’est pour cela que Xi aurait enfin répondu à Zelensky dans le but de jouer un rôle actif dans un règlement. Mais la paix rapide ? On ne peut que douter. La Chine ne condamne pas l’agression russe et si elle parle de respect des frontières, elle ne dit pas lesquelles. Et son ambassadeur à Paris, Lu Shaye, vient de nier la souveraineté des Républiques nées de l’effondrement de l’URSS et l’appartenance de la Crimée à l’Ukraine. Pékin a rectifié, rappelant le statut souverain de ces pays, mais a précisé que l’on avait mal compris l’ambassadeur. Toujours Taïwan en arrière-plan… Et aussi une réécriture de l’histoire…
Moscou a vite réagi en accusant Kiev de poser des ultimatums et en rappelant que la Crimée et les oblasts annexés étaient définitivement russes. Pas question de négocier. L’Ukraine, elle, semble persuadée que les prochains mois, avec l’arrivée des nouvelles armes occidentales, lui seront militairement favorables.
Dans ce contexte, Pékin peut bien sûr pousser au dialogue, jouer les intermédiaires, chercher des compromis. Mais cela ne peut se faire qu’en coopération avec les Etats-Unis qualifiés de responsables de la crise. Et dans ce bouleversement mondial actuel, ni Washington ni Pékin ne laisseront tomber leur allié. Au mieux, on peut espérer à moyen terme, un cessez-le feu qui ne serait pas synonyme de la paix « juste et durable » que réclame Volodymyr Zelensky. Un armistice à la coréenne ?